Christophe et Valérie sont cousins et sont en couple : "On s’aime et c’est comme ça"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
L’histoire d’amour de Christophe et Valérie a été mal acceptée par leur famille, parce qu’ils sont cousins. Cela fait douze ans qu’ils sont en couple et ont un fils de 4 ans et demi. Ils se confient à Olivier Delacroix, évoquant les commérages dont ils ont fait l’objet et le rejet de certains de leurs proches.
TÉMOIGNAGE

Christophe et Valérie sont cousins. Ils sont en couple depuis douze ans et ont un fils de 4 ans et demi. Ils n'ont pas grandi ensemble, mais se sont rapprochés plus tard quand la mère de Valérie est décédée et que Christophe s’est séparé de la mère de ses deux premiers enfants. Leur union a été mal acceptée par leur famille, notamment par le père de Christophe qui ne lui a plus parlé pendant deux ans. Ils confient à Olivier Delacroix comment leur amour est né et comment celui-ci a été accueilli par leur famille.

Valérie se souvient de son amour naissant pour Christophe : "Je suis la fille de la sœur du papa de Christophe. Ma mère et son père sont frères et sœurs. Christophe est aussi mon parrain. Ce n’était pas un parrain très présent parce qu'on ne se voyait pas beaucoup, mais j'avais beaucoup de tendresse pour lui. Petite, à chaque fois que je le voyais, je lui sautais au cou. C'était mon rayon de soleil de l'année. Vers 17 ans, je me suis aperçue que quelque chose se passait. Quand je n'étais pas avec lui ou que je le voyais avec sa femme, je n'étais pas bien.

C'est à partir de ce moment-là que j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Je me suis alors dit qu’il ne fallait plus que je le voie et que je l'évite. Je pensais que ce n’était pas possible, que ça ne pouvait pas être ça parce qu’on était cousins. Pour moi, je devais me tromper, ce n’était pas de l'amour, c'était autre chose, peut-être une grande tendresse. Quand c'est devenu évident, je me suis dit qu’il ne fallait plus que je le voie."

" Ce n'était plus de l'amour cousin-cousine "

Christophe, quant à lui, est tombé amoureux de Valérie à la suite de sa rupture avec la mère de ses premiers enfants : "De mon côté, ça s'est fait parce que ça ne marchait plus avec la maman de mes deux grands enfants. Je passais plus de temps chez ma tante qu'à la maison. Toutes les fois où j'étais avec Valérie, j'étais bien auprès d'elle. La chose que j'avais perdue avec la maman de mes deux grands, je commençais à la retrouver avec Valérie. Au fur et à mesure, je me suis aperçu que j’avais des sentiments qui étaient en train de grandir pour Valérie. Ce n'était plus de l'amour cousin-cousine. Puis, on en a discuté."

" Je le repoussais, mais je voulais être avec lui "

Valérie, craignant la réaction de sa famille, explique que c’est Christophe qui a d’abord abordé le sujet : "C’est lui qui en a parlé en premier. Moi, je n’ai rien dit par peur de la famille. Je me suis demandé comment j’allais faire pour en sortir si je mettais un pied là-dedans et comment j’allais faire pour l'étaler devant tout le monde. Soit je le vivais cachée et ça n’aurait pas duré longtemps. Soit il fallait le dire à tout le monde et ça me faisait très peur. Au début, je l'ai repoussé. Je lui ai dit que ce n'était pas possible parce qu'on était cousins. Je le repoussais, mais je voulais être avec lui.

Il voyait que j'étais sur la défensive. Un jour, on était dans la voiture et il m’a dit : ‘J'ai des sentiments pour toi, je suis sûr que tu as des sentiments pour moi. J'aimerais que tu m'embrasses une fois pour voir si ce baiser déclenche quelque chose. Si ça ne fait rien, on laisse tomber, si quelque chose se passe, on continue.’ Donc, il a eu son premier baiser, mais je me disais que ça n’allait pas durer, parce que je ne pouvais pas me marier, ni avoir d’enfants avec lui. 

Je ne savais pas pour combien de temps j'étais partie, mais je ne pouvais pas l’annoncer. Ça bloquait. Celui que je craignais le plus, c'était mon papa. J'avais même peur qu'il soit violent. Je me suis dit que j’allais me prendre une gifle. On n’a pas organisé l’annonce. On a pris notre courage à deux mains et on y est allés. Ce jour-là, mon père était tout seul à la maison. On s'est assis à la table et on lui a tout de suite dit."

" Il y a des choses qui ne devraient pas se faire, qui se font quand même "

Christophe raconte comment il a annoncé la nouvelle au père de Valérie, son oncle :  "Moi, je craignais le père de Valérie, qui était mon oncle, et je craignais aussi mon père. Ce n'était pas évident de dire aux anciens que je sortais avec ma cousine, en sachant que je suis aussi son parrain. J’ai dit au père de Valérie : ‘Tonton, il va falloir qu’on ait une discussion ensemble parce que la vie fait que de temps en temps, il y a des choses qui ne devraient pas se faire, qui se font quand même. Je sors avec Valérie. On s’aime et c’est comme ça.’"

Le père de Valérie a plutôt bien accueilli cette nouvelle, se souvient-elle : "Je regardais mon père. Bizarrement, sa réaction a été à l'opposé de celle que l'on pensait. Il est resté très calme. J’ai vu des larmes dans ses yeux. Ça m'a beaucoup déstabilisée. Je m'en voulais de lui avoir fait ça. Il m'a dit : ‘C'est ta vie, tu la gères comme tu veux. Je suis ton père, mais ce n'est pas à moi de décider de ta vie. Simplement, c'est ton cousin, si un jour vous voulez avoir des enfants, ça risque d'être compliqué.’ Ce sont les seules paroles qu’il m'ait dites. On n’a pas plus discuté. On est partis."

" On ne s’est pas parlé pendant deux ans "

Le père de Christophe n’a, quant à lui, pas accepté leur union : "Ça a été beaucoup plus dur avec mon père. Je lui ai dit : ‘Il faut que je te dise quelque chose qui ne va peut-être pas te faire plaisir, mais je vais être franc avec toi. Je vais me mettre en couple avec Valérie.’ Je n'ai pas eu le temps de donner des explications puisqu’il s’est levé et m'a dit : ‘La porte d'entrée est là, tu pars tout de suite, je ne veux plus te parler.’ Il était énervé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu mon père dans cet état. Il nous a jetés dehors. On ne s’est pas parlé pendant deux ans. 

Après deux ans, j’ai dit à mon père : ‘On ne va pas continuer à se faire la tête comme ça pendant des années. J’ai fait quelque chose qui ne t’a pas plu, mais soit on continue à se faire la tête tous les deux et on perd des années, alors qu’il ne me reste que toi, soit on fait la paix et on essaie de reconstruire les choses. Il m'a dit : ‘Mon fils, je n'ai pas apprécié ce que tu as fait, mais on ne peut pas rester fâchés.’ Quelques larmes ont coulé. On s'est fait un bisou et c’est reparti. Je suis content."

Valérie regrette que certains de ses proches n’aient toujours pas accepté leur amour douze ans plus tard : "On comprend tout à fait que ça puisse choquer. Mais douze ans après, il y a encore des gens qui pensent que c'est un coup de tête. Aujourd'hui, la moitié de ma famille ne me parle pas parce que je suis heureuse. On pourrait célébrer les fêtes de Noël avec mon père, mon frère et ma sœur mais ce n'est pas le cas, parce que si ma sœur est chez mon père, je ne peux pas être là. Ça me fait de la peine. On entendait assez souvent : ‘Il se tape sa petite cousine’, parce que l’écart d’âge a aussi marqué. 

La question de la consanguinité revient tout le temps. La première question qu'on me pose c’est : ‘As-tu des enfants, sont-ils normaux ?’ Je suis allée consulter un généticien qui m’a ri au nez. Il m'a dit : ‘Je ne comprends pas pourquoi vous êtes là, tout va bien.’ Mais si, par exemple, mon fils tombe amoureux de sa cousine et qu'ils ont des enfants, ça pourrait être plus compliqué. Donc, il faut quand même faire attention. Pour nous, ce n'est pas un amour normal, mais ce n'est pas interdit parce qu'on le fait."