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Marine Protais, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Trois mois après la découverte d'un charnier au sein de l'université Paris-Descartes, une cinquantaine de familles, proches de personnes dont les corps ont été stockés et maltraités par l'établissement, ont manifesté jeudi pour réclamer justice.

C'est un scandale jusqu'à présent inexpliqué. Trois mois après les révélations sur le charnier de l'université Paris-Descartes, une cinquantaine de familles ont manifesté, jeudi devant la faculté de médecine, pour réclamer justice. Fin novembre, une enquête du journal L'Express révélait que des milliers de dépouilles avaient été stockées au sein de la prestigieuse université dans des conditions indignes. Des dizaines de corps avaient alors été découverts, entassés et laissés à l'abandon. Des cadavres de personnes qui avaient décidé de laisser leur corps à la science, pour faire avancer la recherche.

"Des images terribles dont on ne peut se débarrasser"

La manifestation a rassemblé des enfants, des petits-enfants, ou des amis de personnes qui avaient fait le choix de donner leur corps à la science, mais qui, une fois morts, ont été démembrés, entassés les uns sur les autres. Depuis le début du scandale, 24 personnes ont porté plainte.

Parmi eux, Laurent, dont la grand-mère, décédée il y a cinq ans, avait fait don de son corps "pour servir à quelque chose". "J'ai plutôt l'impression qu'elle a servi de morceau de viande à des gens peu scrupuleux", exprime-t-il au micro d'Europe 1. Celui-ci dit imaginer sa grand-mère piétinée par des cafards, grignotée par des rats, entassée sur d'autres corps, sans drap intermédiaire, sans protection. "On parle de corps démembrés, je me dis qu'elle a peut-être été incinérée sans l'un de ses bras, sans une de ses jambes... On a des images terribles dont on ne parvient pas à se débarrasser", abonde-t-il.

Des morceaux de corps humain vendus

Comme les autres personnes rassemblées autour de lui, Laurent veut que justice soit faite, que soient identifiés et punis les responsables de ce charnier, notamment ceux qui ont contribué à mettre en place un réel trafic macabre. En effet, l'enquête de L'Express avait également révélé que l'université Paris-Descartes vendait certaines parties des corps qui leur étaient confiés. Des morceaux de corps humain vendus à des entreprises pour servir, par exemple, de crash test pour des habitacles de voitures. Pour les familles venues manifester, de tels actes sont impardonnables. Dégoûtés par ces pratiques, nombre de manifestants ont affirmé que jamais ils ne donneront leur corps à la science.

Le Centre du don des corps à la science cambriolé. Au cœur du scandale, le Centre du don des corps de la faculté de médecine de Paris-Descartes a fait l'objet d'un cambriolage, a appris jeudi l'AFP de source judiciaire. Une plainte a été déposée par l'université, dont dépend le centre, pour "vol" et "intrusion non autorisée dans un système de données", selon cette source, qui confirmait une information de l'Express et de Franceinfo.

Selon ces médias, le cambriolage aurait eu lieu de nuit et des cartons d'archives, notamment de 2002, 2009 et 2016 auraient été emportés. La plainte a été adressée au parquet fin janvier. Les investigations ont été jointes à l'enquête préliminaire ouverte fin novembre après des révélations de l'Express.