Les salariés réquisitionnés sont convoqués directement à leur domicile, parfois par les forces de l'ordre. 1:24
  • Copié
Lionel Gougelot, édité par Romain Rouillard , modifié à
Depuis le lancement de la procédure par le gouvernement mardi, une poignée de salariés grévistes dans les raffineries ont été réquisitionnés pour reprendre le travail. Europe 1 a recueilli le témoignage d'un de ces employés, directement convoqué par les forces de l'ordre à son domicile, en présence de ses enfants.

Chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, une poignée de salariés grévistes ont été réquisitionnés pour reprendre leur activité, en vertu de la procédure lancée mardi par le gouvernement. Au total, ils sont une dizaine à avoir repris le chemin des raffineries et des dépôts de carburant. 

Concrètement, les salariés reçoivent directement à leur domicile, et en main propre, une lettre de réquisition. Elle peut être remise par un huissier mais dans la plupart des cas, ce sont les forces de l'ordre qui s'en chargent. Une procédure pas toujours très bien vécue par les salariés concernés. 

Europe 1 a recueilli le témoignage d'Alexandre qui a vu les gendarmes se pointer au pas de sa porte jeudi aux alentours de 18 heures. Convoqué ce vendredi entre 6 heures et 14 heures, il raconte dans quelle mesure la scène a perturbé ses enfants. "Ils ont fait des cauchemars, il a fallu les calmer, les rassurer. Ç'a été très très compliqué. Et encore ce matin, même à l'école, on a eu un retour de la maîtresse et c'était pas génial", raconte-t-il. 

"Je suis affiché" 

Un épisode qu'il estime "assez violent" en dépit de la "courtoisie" des gendarmes. "Mes enfants n'étaient pas préparés à ça, ça les a perturbés. Dans la tête d'un enfant, il peut se passer beaucoup de choses. Ils ont beaucoup d'imaginaire donc c'était compliqué surtout pour le dernier qui a 6 ans". 

Pour Alexandre, une autre façon de procéder aurait pu être privilégiée. "Ils auraient pu me faire venir à la gendarmerie ou prendre un rendez-vous autre qu'à mon domicile. Parce que même si mes enfants, c'est le plus important, il y a aussi le voisinage. Je suis dans un lotissement donc je suis affiché et je n'ai peut-être pas envie que tout le monde sache que je travaille chez Total". 

Alexandre évoque également des "chiffres sur (son) salaire" qui auraient été divulgués. "Dans ces conditions-là, c'est médiocre", conclut-il.