«Bien vieillir» : les députés adoptent des propositions pour le grand âge, mais demandent des «moyens»

Assemblée nationale
Les députés adoptent des propositions pour le grand âge, mais demandent des «moyens». © XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP // Crédits photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Les députés de l'Assemblée nationale ont repris l'examen d'une proposition de loi sur le grand âge, ce lundi 20 novembre, à l'Assemblée nationale. Ils ont adopté de nouveaux articles sur l'aide à domicile et les Ehpad, malgré les vives critiques des oppositions et jusque dans le camp présidentiel contre un manque d'ambition face au défi du vieillissement.

Suspendu depuis mi-avril, l'examen d'une proposition de loi macroniste sur le grand âge a repris lundi à l'Assemblée avec l'adoption de nouveaux articles sur l'aide à domicile et les Ehpad, malgré les vives critiques des oppositions et jusque dans le camp présidentiel contre un manque d'ambition face au défi du vieillissement.

 

Un texte à dimension sociétale

Ce texte a une dimension "sociétale" contre "les maltraitances" des personnes âgées et pour faciliter le "droit de visite" des proches dans les Ehpad, après le traumatisme de nombreuses familles pendant la crise du Covid-19, a souligné la ministre des Solidarités Aurore Bergé. Il vise aussi à "faciliter le travail au quotidien" des aides à domicile, via une carte professionnelle. 

En fin de journée, les députés ont adopté un article pour le versement d'une aide financière annuelle aux départements, afin de soutenir les frais de transports des professionnels de l'aide à domicile.  Contre l'avis du gouvernement, ils ont adopté un amendement d'Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance) pour conditionner une aide financière mobilité de l'État aux départements qui permettent que le temps de déplacement pris en charge comme du temps de travail passe de moins de 15 minutes à moins de 30 minutes.

Ambiance consensuelle

Dans une ambiance consensuelle, ils ont adopté une proposition gouvernementale pour permettre aux départements d'expérimenter un financement de l'aide à domicile par forfait, plutôt que par la tarification horaire en vigueur. L'idée étant de mieux prendre en compte certains frais qui passeraient encore trop sous les radars.

Aurore Bergé a annoncé à cette occasion le lancement d'une mission d'information sur l'organisation et le financement de l'aide à domicile. Si les oppositions ont largement voté la mesure, elles ont de concert dénoncé le manque d'annonces sur les "moyens" alloués. "Si vous ne répondez pas à la question 'combien' ce sera vain", a lancé François Ruffin (groupe LFI).

Gestion des Ehpad

La question du financement d'une vaste réforme sur le grand âge a largement pesé sur les débats. À la reprise des débats lundi, Aurore Bergé a insisté sur les "100 millions d'euros supplémentaires" fléchés pour "l'aide à la mobilité des aides à domicile". "Ce sont des miettes", a rétorqué François Ruffin. "Il faudra augmenter les prélèvements obligatoires pour financer la réforme du grand âge", a également prévenu Jérôme Guedj (PS).

Dans la soirée, l'Assemblée a aussi adopté des mesures consensuelles pour qu'une partie plus importante du financement des Ehpad puisse aller vers la prévention de perte d'autonomie ou de dénutrition, et des activités physiques ou de stimulation cognitive. Mais la gauche réclame une vaste réforme des Ehpad et du reste à charge pour les résidents et leurs familles. Un amendement socialiste, adopté avec le soutien du gouvernement, vise à empêcher le renouvellement tacite des autorisations d'Ehpad dont les évaluations ont révélé des problèmes.

Tirer des leçons du scandale Orpea

Les députés reprendront mardi par l'examen d'autres amendements sur les Ehpad, visant à tirer des leçons du scandale Orpea. Vendredi, en présentant une stratégie du gouvernement face au vieillissement de la population, la ministre a répondu à une des revendications récurrentes des détracteurs du texte, en annonçant une future loi de programmation plus ambitieuse sur le grand âge. Lundi, elle a plaidé sur X pour "un texte co-écrit avec tous les groupes politiques".

Même dans la majorité, les interrogations se manifestent. "Est-ce qu'on avait vraiment besoin" de cette proposition de loi avant "une grande loi de programmation ? Pas grand monde n'y comprend grand-chose", a lâché le MoDem Bruno Millienne. Promise par Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat, et réclamée par les professionnels du secteur, cette loi de programmation avait été demandée par l'Assemblée, unanime, en avril. Elle "fixera un cadre, des objectifs à atteindre d'ici à 2030 et des modalités de financement", selon la ministre. En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Et pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.