La semaine dernière, le rassemblement des policiers à Paris avait viré au procès en laxisme de la justice. 2:29
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Glwadys Laffitte, édié par Laetitia Drevet , modifié à
Les syndicats de police, dont le rassemblement la semaine dernière avait viré au procès en laxisme de la justice, retrouvent jeudi Eric Dupond-Moretti pour un Beauvau de la sécurité. Ils revendiquent notamment davantage de sévérité contre les agresseurs de policiers.

Après les huées, les salons feutrés. Les syndicats de police retrouvent jeudi le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour un Beauvau de la sécurité consacré aux relations avec l'autorité judiciaire. La semaine dernière, le rassemblement des policiers avait viré au procès en laxisme de la justice et le ministre avait été hué copieusement par les manifestants. Du côté des forces de l'ordre comme des magistrats, les points de crispation sont nombreux. 

"La justice nous pose problème aujourd’hui par rapport à son fonctionnement, à ses décisions et aux moyens qu’elle peut avoir. Il faut donner des signaux forts", résume au micro d'Europe 1 Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance. 

Plusieurs mesures annoncées par le Premier ministre Jean Castex après le meurtre du brigadier Eric Masson à Avignon ont d'ores et déjà été votées par les députés : l'allongement à 30 ans de la mesure de sûreté des condamnés à perpétuité pour un crime sur un policier ou un gendarme, la limitation des réductions de peine pour les agresseurs des forces de l'ordre et la fin des rappels à la loi. Des mesures encore insuffisantes selon les syndicats, qui réclament aussi des peines minimales pour ces mêmes agresseurs. 

La qualité des procédures pénales "baisse", dénoncent les magistrats

En face, les magistrats aussi adressent des critiques aux policiers. Ils dénoncent notamment le fait que la qualité des procédures pénales ait baissé ces dernières années. "Il y a des unités de terrain qui sont amenées à faire de la procédure et qui ont plus de difficultés à mener une enquête, à rédiger des procès-verbaux ou faire des comptes-rendus au procureur de la République ou au juge d’instruction", explique Sarah Massoud, secrétaire nationale du syndicat de la magistrature. 

Mais pour Isabelle Trouslard, secrétaire nationale de Synergie-Officiers, si la qualité des procédures baisse c’est parce que celle-ci devient de plus en plus lourde. "Au début des années 1990, un PV de garde à vue faisait dix lignes, aujourd’hui il fait deux pages. La procédure devient complètement focalisée sur la forme au détriment du fond."

Le sujet sera abordé lors du Beauvau de la sécurité par les syndicats de policiers, qui voudraient voir la procédure pénale simplifiée. Les ministres, eux, "insisteront sur la relation quotidienne entre la police et la justice", indique l'entourage de Gérald Darmanin.