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Martin Lange / Crédit photo : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Dans son discours de politique général, Gabriel Attal a évoqué la question agricole alors que les exploitants font entendre leur colère depuis plus d'une dizaine de jours. Souhaitant promouvoir une "exception agricole française", il a notamment annoncé le versement des aides de la PAC le 15 mars. Trop peu pour les agriculteurs rencontrés.

Ils espéraient du concret, mais ressortent déçus. Les agriculteurs, mobilisés depuis près de dix jours pour réclamer de meilleurs revenus et un allègement des normes, ont écouté ce mardi après-midi le discours de politique générale prononcé par le Premier ministre Gabriel Attal à l'Assemblée. Sur l'Autoroute A10, à environ 40 km de Paris, autour d'un petit poste de radio, certains sur l'écran de leur téléphone portable, ils n'en ont pas raté une miette, mais les paroles du chef du gouvernement les ont laissés sur leur faim. 

"Ça me rappelle vaguement vendredi dernier. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Ce n'est pas satisfaisant, il faut du concret qui puisse changer mon quotidien demain. Je suis déçu, mais de plus en plus déterminé à défendre mon métier", assure Sylvain Marcuard, céréalier dans l'Eure-et-Loir. 

"Pour user un paysan, il faut y aller fort" 

Le Premier ministre a notamment annoncé un fonds d'urgence pour les viticulteurs, une dérogation pour les jachères ou encore le versement de la PAC, l'aide européenne, le 15 mars prochain. Sur ce dernier point, Romain, lui aussi agriculteur en Eure-et-Loir, fronce les sourcils. "Le 15 mars ? Mais depuis le mois d'octobre, on attend ça ! S'il nous avait annoncé la semaine prochaine, là, ç'aurait été une annonce, mais le 15 mars, c'est dans combien de temps ? De qui se moque-t-il ? C'est trop lointain. Qu'il prenne son carnet à souches et qu'il règle les agriculteurs qui attendent leur argent. J'imagine que le gouvernement essaie de jouer l'usure, mais je vous garantis que pour user un paysan, il faut y aller fort". 

"C'est du blabla. Il a sorti les violons et puis voila", juge pour sa part David, céréalier dans les Yvelines. "Ça ne nous va pas du tout. Nous, on veut des choses concrètes, là, vous savez, on n'est pas là de gaieté de cœur. J'ai des enfants, ma femme n'en peut plus et moi, j'aimerais rentrer chez moi. Mais là, on fait ça pour l'agriculture quoi Et pour nos enfants.

La colère peine donc à retomber dans les rangs de ces agriculteurs qui se mettent en route ce mardi soir afin de se rapprocher la capitale. Les barrages se déplacent, l'objectif étant de bloquer la N118, l'un des axes majeurs pour accéder à Paris.

"Il y a eu aucune réponse, aucune avancée par rapport à nos attentes. Donc cette fois-ci, les agriculteurs en ont marre et avancent sur Paris. Les gens qui sont ici n'ont plus rien à perdre. À un moment donné, on a des gens qui sont au bout du rouleau. Ils n'ont qu'une envie aujourd'hui, c'est d'aller sur les fenêtres du Premier ministre", juge Christophe Hillairet, président de la Chambre d'agriculture d'Ile-de-France. 

Finalement, les agriculteurs ont été stoppés par les forces de l'ordre alors qu'ils se dirigeaient vers la N118. Si les annonces n'arrivent pas, ils promettent de continuer leur avancée dès ce mercredi.