Au bac philo, bannissez le "thèse, antithèse, synthèse"

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Le philosophe et chroniqueur sur Europe 1, Raphaël Enthoven conseille aux élèves de Terminale de bannir la fameuse "thèse, antithèse, synthèse" pour l'épreuve de philosophie du bac. 

Il revient chaque année et pour ceux qui le passent, c'est souvent la même appréhension. Comment s'en sortir avec le bac philo ? On le sait, engranger des connaissances ne suffit pas pour avoir une bonne note. Alors, à l'approche de l'épreuve qui aura lieu le 15 juin, les futurs candidats ont souvent une tentation : faire illusion avec la fameuse "thèse, antithèse, synthèse". Très mauvaise idée, selon le philosophe Raphaël Enthoven. 

" L'opposition est un face-à-face terrible "
  • Pourquoi ça ne fonctionne pas

"L'opposition est un face-à-face terrible, un dialogue de sourds entre deux points de vue opposés", explique le philosophe. "Dans une dissertation, si vous appliquez la méthode, 'oui, non, peut-être', vous allez commencer par recenser tous les arguments en faveur d’une thèse, les arguments blancs auxquels vous opposerez en deux tous les arguments noirs, avant dans une troisième partie, un peu grise ou à l’eau tiède, de tenter une réconciliation à coup de compromis", poursuit-il. Résultat : "Vous n'aurez pas creusé le sujet". 

  • Ce qu'il faut faire

Quelle méthode appliquer dans ce cas ? La contradiction ! "Comme aucune thèse ne contient la vérité, si vous approfondissez une thèse, vous croiserez inévitablement des contradictions", affirme Raphaël Enthoven. C'est ensuite, avec ces contradictions, que vous développerez "un changement de point de vue, qui sans récuser le précédent, y apportera des modifications constructives". 

  • Un cas pratique

Pour vous aider à y voir plus clair, le philosophe propose de se pencher sur un cas pratique avec le sujet : "Etre libre, c'est faire ce que l'on veut". "En creusant cette thèse, vous allez tomber sur un os qui est que, personne n’est libre et que tout le monde est en danger dans un monde où chacun ferait ce qu’il veut", assure Raphaël Enthoven. "A partir de cette limite que vous allez croiser immanquablement, vous allez pouvoir vous demander si par exemple, être libre ce n’est pas davantage vouloir ce que l’on fait". Bref, "vous allez construire quelque chose".