Bac 2015 : les corrigés des sujets de philo en série L

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Notions, auteurs, pièges à éviter, deux profs de philo font la correction "à chaud" des sujets littéraires.
LA FRANCE BOUGE

C’est l’épreuve la plus redoutée du bac, d'autant plus qu'elle est notée sur la base d'un coefficient 7 pour les littéraires. Les élèves de Terminale L avaient le choix mercredi matin entre ces deux sujets de dissertation : "Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?" "Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?"

Quels étaient les pièges à éviter pour éviter le hors sujet ? Les auteurs à citer et les notions à aborder ? Damien Theillier et Laurence Hansen-Love, professeurs de philosophie, jouent le jeu de la correction "à chaud" pour Europe1.fr

Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?

• Les notions à aborder

Damien Theillier : "La notion de droit est nécessairement impliquée dans la notion de devoir car il n'y a de devoir qu'envers des sujets de droit. D'où la question à se poser : tout vivant est-il un sujet de droit ? La seconde notion impliquée dans le sujet est la notion d'homme associée à la notion d'animal. Tout homme est un être vivant mais l'homme a-t-il un statut moral qui le place à part dans la nature ? Qu'est ce qui différencie l'homme de l'animal ? La troisième notion impliquée est celle de conscience, associée à la raison. Car ce qui fait de l'homme un vivant à part, sujet de droit, c'est bien sa conscience d'être doué de raison, d'où découle une responsabilité morale.

• Les pièges à éviter

"Réciter un cours sur le vivant et la machine. C'est un sujet de philosophie morale et politique qui doit conduire à la question de la justification des droits et des devoirs", souligne Damien Theillier. "Il ne fallait pas surtout pas confondre l'être vivant avec l'être humain, renchérit et Laurence Hansen-Love.

• Les auteurs à citer

"Kant est une référence pour penser le respect et le devoir. Descartes pour penser la différence entre l'homme et l'animal", indique Damien Theillier. Pour appuyer leur raisonnement, les candidats pouvaient citer cette célèbre phrase de Kant : "Le respect ne s'adresse jamais qu'à des personnes".

La référence à l'actualité

Pour nos deux profs de philo, les candidats pouvaient faire référence à la question de la souffrance animale, des droits des animaux. En octobre, les députés avaient adopté ne disposition reconnaissant aux animaux la qualité symbolique d'"êtres vivants doués de sensibilité".

Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?

• Les notions à aborder

Pour Laurence Hansen-Love, il y avait quatre notions indispensables pour bien traiter le sujet : la conscience, l'inconscient, l'existence et le temps, et surtout la liberté. Son collègue Damien Theillier renchérit : "la première notion impliquée, c'est celle de liberté. Car si je suis mon passé alors j'en suis esclave, je n'ai pas la liberté d'y échapper. Ensuite, il fallait absolument aborder la conscience. "Si j'ai conscience de moi-même et de mon passé alors, je n'en suis plus tout à fait esclave. Il fallait voir la conscience comme le point de départ de la liberté. Enfin, il ne fallait pas oublier l'histoire, l'existence et le temps. Suis-je déterminé par mon histoire ou bien suis-je l'auteur de mon histoire ?

 • Les auteurs à citer

"La question du sujet pensant et conscient de lui-même peut être abordée avec Descartes et Sartre. Ils affirment la puissance de la pensée et de la volonté sur les forces du destin. Idem avec Alain", souligne Damien Theillier.

Pour évoquer au contraire l'idée que c'est l'histoire qui me façonne et détermine ma conscience, on peut convoquer Marx et Freud. Marx pour l'histoire de la lutte des classes (le matérialisme historique) et Freud pour le complexe d'Oedipe (poids de la petite enfance sur l'inconscient). "On pouvait citer cette phrase de Freud : 'L'origine des névroses est à chercher dans des traumatismes apparus durant l'enfance', souligne Laurence Hansen-Love.

Les pièges à éviter

"Il ne fallait pas trop se focaliser sur la psychologie individuelle. Il y a une dimension politique dans ce sujet", tranche Damien Theillier. "Attention à l'approche trop psychanalytique de Freud", ajoute Laurence Hansen-Love.

La référence à l'actualité

Pour Laurence Hansen-Love, les candidats pouvaient trouver une inspiration dans le film d'Emmanuelle Bercot, La tête haute, qui raconte la trajectoire d'un jeune délinquant. "C'est une parfaite illustration du sujet puisque ce jeune homme qu'on suit d'année en année est le pur produit de son passé", note la prof de philo.

>> Décrocher une mention au bac, ça sert encore à quelque chose ? La réponse en vidéo :


Bac : avoir une mention sert-il encore à...par Europe1fr