Aude : dix ans de prison pour le meurtre de son compagnon

tribunal de Carcassonne crédit : capture d'écran Google Street View - 1280
Sylvie Rotsaert a été condamnée à dix ans de prison par la Cour d'Assises de l'Aube. (Image d'illustration) © capture d'écran Google Street View
  • Copié
avec AFP , modifié à
L'expert psychiatre avait déclaré que l'accusée pouvait "construire un événement et être très persuasive".

La Cour d'assises de l'Aude a condamné à dix ans de prison Sylvie Rotsaert pour le meurtre de son compagnon, excluant la thèse de la légitime défense défendue par une accusée qui se disait battue.

Rejet de la légitime défense. L'avocat général avait requis quatorze ans de prison contre Sylvie Rotsaert, 51 ans, jugée depuis lundi devant la cour, à Carcassonne. Les jurés n'ont pas retenu la légitime défense, mais ils ont estimé jeudi soir que l'accusée n'avait pas eu l'intention de donner la mort au moment où elle a poignardé Jean-Louis Desprats, 55 ans, le 11 juillet 2010, sur un voilier où habitait le couple, amarré à Gruissan, dans l'Aude.

L'accusée avait affirmé s'être défendue alors que son compagnon la frappait et qu'il voulait lui imposer un "jeu sexuel", saisissant à l'aveugle un couteau sur l'égouttoir de l'évier. C'est elle qui avait alerté les secours après les faits, avant d'être hospitalisée d'office. Ce soir-là, elle avait 1,88 gramme d'alcool dans le sang, et la victime 1,67 gramme.

Victime ou bourreau ? Sylvie Rotsaert n'a cessé d'affirmer que son conjoint la battait et lui imposait des sévices sexuels. Les proches de Jean-Louis Desprats ont assuré au contraire qu'il subissait les crises dépressives de sa compagne, qui le harcelait au téléphone et le menaçait de mort s'il envisageait de la quitter.

L'avocat des parties civiles avait mis en avant le caractère manipulateur de Sylvie Rotsaert, s'appuyant notamment sur le rapport de l'expert psychiatre. "Elle est capable de construire un événement et d'être très persuasive", a indiqué Me Eric Zapata.

Une légitime défense inappropriée. Assurant la défense de Sylvie Rotsaert, Me Catherine Couchies a plaidé la légitime défense : "Lorsque ma cliente a donné le coup de couteau, Jean-Louis Desprats avait le bras levé pour la frapper. Autrement, il aurait pris le coup dans le bras et non dans l'abdomen ! Sylvie Rotsaert n'avait pas l'intention de le tuer : c'était un geste de défense". L'avocat général Aude Molin avait en revanche estimé que l'état de légitime défense ne pouvait être caractérisé en raison de l'absence de critère de proportionnalité : "On ne riposte pas à des gifles en donnant un coup de couteau à l'abdomen, considéré par la jurisprudence comme une zone vitale du corps humain".