Au tribunal, l'ancien PDG de France Télécom dit son "chagrin" pour "ceux qui n'ont pas supporté la transformation"

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Le service police-justice d'Europe 1 , modifié à
Didier Lombard, ex-dirigeant de l'entreprise de téléphonie, jugé pour "harcèlement moral", a pris la parole pour la première fois à son procès, mardi. Ses propos ont choqué les parties civiles. 

Ses propos étaient très attendus. Pour sa première audition devant le tribunal, où il comparaît pour "harcèlement moral" dans l'affaire des suicides de la fin des années 2000 à France Télécom, Didier Lombard a lu une déclaration liminaire, mardi après-midi, avant de répondre aux questions. "Alors que débute cette audience, je veux dire aux collaboratrices et aux collaborateurs de France Télécom, c’est-à-dire à celles et ceux qui ont été mes collègues de travail, ainsi qu’à leurs familles, le profond chagrin qui demeure et demeurera à tout jamais le mien pour ceux qui n’ont pas supporté la transformation imposée à l’entreprise, dont le sauvetage puis le succès ne sont dus qu’au travail de chacune et de chacun d’entre eux", a dit l'ancien PDG dans ce texte, consulté par Europe 1. 

Une déclaration qui a sidéré les parties civiles présentes à l'audience. 

Les parties civiles choquées par la déclaration de Didier Lombard 

"Notre maison, France Télécom, était en péril en 2005 à cause de son surendettement, de l’agressivité de la concurrence et des évolutions technologiques extrêmement rapides observés dans nos métiers à cette période", a poursuivi Didier Lombard, pointant les "mesures d'accompagnement des collaborateurs" mises en place à l'époque. "En 2009, France Télécom se portait mieux, et était de nouveau reconnu comme un acteur important du monde du numérique. Il est évident que ces résultats avaient été obtenus grâce aux salariés de France Telecom", a-t-il ajouté, disant sa "gratitude" et adressant ses "félicitations" à ses anciens collaborateurs. 

Didier Lombard a également a ensuite choqué les parties civiles en estimant que les suicides à France Télécom n'étaient pas le signe d'une crise sociale, mais le signe d'un "effet de loupe dû à la crise médiatique". 

"Les nécessaires mesures qui s'imposaient"

Dans le même texte, Didier Lombard, qui doit comparaître jusqu'au 12 juillet, a affirmé n'avoir "jamais rencontré" la juge d'instruction à l'origine de l'ordonnance de renvoi, "et qui dresse un portrait de (lui) et de (ses) actes dans lesquels (il ne se reconnaît) pas". "Mais je suis certain que le tribunal aura à cœur pendant les deux mois à venir de comprendre ce dossier complexe, qui reflète les nécessaires mesures qui s’imposaient pour assurer la pérennité d’une entreprise en crise dans un contexte complètement nouveau", a-t-il appuyé. 

"À l’évidence, il est apparu que les mesures d’aide à la transformation n’étaient pas adaptées à l’égard de certains", a conclu l'ancien PDG avant de répondre au tribunal, regrettant que "cette situation ait pu involontairement contribuer à fragiliser certains (salariés) au point qu’ils accomplissent un geste irrémédiable".