Au procès du viol du "36", un policier se défend d'avoir couvert ses collègues

Une touriste canadienne affirme avoir été violée au 36 Quai des orfèvres par des policiers en avril 2014.
Une touriste canadienne affirme avoir été violée au 36 Quai des orfèvres par des policiers en avril 2014. © AFP
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avec AFP , modifié à
Suspendu un an et demi quand le scandale a éclaté, un policer a déclaré vendredi aux assises que "jamais" il n'aurait couvert ses collègues aujourd'hui accusés d'avoir violé une touriste canadienne. 

Un policier qui se trouvait au siège de la police judiciaire parisienne la nuit où une touriste canadienne affirme y avoir été violée a déclaré vendredi aux assises que "jamais" il n'aurait couvert ses collègues aujourd'hui accusés, dénonçant de "fausses déclarations" de la plaignante.

"Je ne couvrirai jamais qui que ce soit, même le meilleur des policiers, sur des faits comme ça", a affirmé Sébastien C., qui a été suspendu un an et demi quand le scandale a éclaté, mais qui a ensuite été réintégré à la BRI (Brigade de recherche et d'intervention). La question d'une concertation entre les policiers face aux accusations de viol d'Emily Spanton a plusieurs fois été évoquée depuis le début du procès le 14 janvier, mais les fonctionnaires nient. Pour Sébastien C., la plaignante "est une menteuse". "Je suis convaincu depuis le début que ce sont de fausses déclarations".

Cinquante minutes passées au 36 Quai des orfèvres. Le témoignage de Sébastien C. était très attendu dans ce procès, où deux de ses anciens collègues, Antoine Q. et Nicolas R., sont jugés pour "viol en réunion" : il a passé cinquante minutes au 36 Quai des orfèvres, au moment où aurait eu lieu le viol dénoncé, la plupart du temps aux côtés d'Antoine Q. Il a été soupçonné d'avoir participé au viol d'Emily Spanton, a fait deux jours de garde à vue, a été déféré devant un juge d'instruction. Mais la plaignante ne l'a jamais reconnu et après avoir été placé sous le statut de témoin assisté, il a bénéficié d'un non lieu.

Des textos d'une teneur très crue. Mais des éléments continuent de peser contre lui. Le 23 avril à 01h04, Nicolas R. lui a envoyé le message "Ça est une touseuse (partouzeuse, ndlr). Dépêche !". "J'ai trouvé ce texto décalé", dit-il. "Pourquoi vous l'envoie-t-il ?", interroge le président. "Je ne peux pas vous répondre". Il apparaît dans un autre SMS, d'un collègue, très cru : "Suite à notre petite soirée arrosée, Antoine, gamin (son surnom, ndlr) et Nico ont montés une gonzesse au 36 pour la fourrer. Sauf qu'elle a déposé plainte pour viol". "C'est une mauvaise perception des choses", se défend-il aujourd'hui.

Une vidéo effacée ? Et quid de la vidéo tournée à 01h16, mais qui a été effacée de son téléphone ? "Un déclenchement intempestif" de son appareil, affirme-t-il. "J'ai dû la supprimer dans la foulée". Sébastien C. dit avoir vu Emily Spanton, "dénudée", arriver dans le bureau où il se trouvait avec Antoine Q. "Elle gesticulait. Elle était un peu euphorique", a-t-il affirmé. Sa version est la même que celle de son collègue Antoine Q. : Emily Spanton aurait subitement changé de comportement, après le départ de Nicolas R. Elle se serait d'abord plainte d'un vol, celui de sa veste, et non d'un viol. Emily Spanton devait être entendue dans l'après-midi pour une confrontation.