Au procès du viol du "36", la parole de la plaignante fragilisée

Deux policiers de la BRI sont jugés depuis le 14 janvier pour viol en réunion dans la nuit du 22 au 23 avril 2014 dans les locaux du "36".
Deux policiers de la BRI sont jugés depuis le 14 janvier pour viol en réunion dans la nuit du 22 au 23 avril 2014 dans les locaux du "36". © AFP
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avec AFP
Une ancienne serveuse du pub où se sont rencontrés Emily Spanton et les policiers qu'elle accuse de viol, a jugé lundi devant les assises que "son histoire est un peu bizarre". 

Mauvaise journée aux assises pour la touriste canadienne qui accuse de viol deux policiers du 36 Quai des orfèvres : elle a été fragilisée lundi par le témoignage de la serveuse du pub où elle a rencontré les accusés, laquelle a toutefois admis que certains de ses souvenirs restaient "flous". "J'avais l'impression que ce n'était pas tellement la vérité ce qu'elle m'a raconté cette nuit-là", a expliqué à la barre l'ex-serveuse, qui a assisté à la rencontre entre la Canadienne Emily Spanton et les policiers au pub. Elle a ensuite été l'une des toutes premières personnes à entendre le récit d'Emily Spanton sur le viol présumé. 

"Elle a changé des détails". Aux enquêteurs, elle avait expliqué que la victime présumée lui avait dit avoir été déshabillée puis violée par des policiers. "Pour moi, peut-être qu'elle était d'accord pour faire l'amour avec un policier" mais pas avec plusieurs, a-t-elle ajouté aux assises, expliquant qu'il s'agissait de "suppositions". "Son histoire était un peu bizarre. Elle a changé des détails", a aussi déclaré cette ancienne serveuse. Nicolas R. et Antoine Q., deux policiers de la BRI, la Brigade de recherche et d'intervention, sont jugés depuis le 14 janvier pour viol en réunion dans la nuit du 22 au 23 avril 2014 dans les locaux du "36". L'ex-serveuse se souvient qu'Emily Spanton lui avait expliqué au pub que des policiers lui avaient "demandé de venir avec eux dans le bureau pour le sexe (sic)". "Je ne sais pas pour le sexe mais j'aimerais aller voir le bureau car mon père est policier", aurait alors ajouté la Canadienne.

Ni "hystérique" ni "stoïque". Entendue le lendemain du viol présumé, la serveuse avait décrit "des french kiss" entre plusieurs policiers et Emily Spanton. L'avocat de la défense Sébastien Schapira a demandé une confrontation avec la victime présumée qui a nié ces baisers au début du procès. "Je suis malade depuis la semaine dernière, alors ce que j'ai pu dire, je ne m'en souviens pas", a esquivé Emily Spanton. La serveuse avait également expliqué que la Canadienne avait mimé une scène sexuelle, évoqué des mains aux fesses au pub. Dans quel état était Emily Spanton, après le viol présumé ? "Elle ne pleurait pas. Elle n'était pas hystérique. Je ne peux pas dire non plus qu'elle était stoïque", a déclaré l'ancienne serveuse. Des propos en contradiction avec ce qu'elle avait dit après les faits, comme l'a souligné le président : elle avait alors parlé des larmes de la victime présumée.

Drogue, alcool et mensonges. Plusieurs fois des contradictions ont été soulevées entre les déclarations aux assises et lors de l'enquête. "Je ne me souviens plus. C'est flou", a répété l'ancienne serveuse, près de cinq ans après les faits. Deux autres serveuses, dont l'une qui parlait d'une fellation à Nicolas R. "consentie" par Emily Spanton, devaient témoigner lundi, mais la cour n'est pas parvenue à les joindre. La défense a fait citer l'ex-mari d'Emily Spanton, en visio-conférence depuis le Canada. "Elle m'a presque mené à la ruine", a-t-il déclaré. "Elle disparaissait parfois plusieurs jours d'affilée, prenait de la drogue, faisait beaucoup la fête", a expliqué l'homme avec lequel Emily Spanton a été mariée quatre ans. Selon lui, elle buvait beaucoup, prenait de la marijuana et de la cocaïne et mentait souvent. "Je suis allée de l'autre côté du pays pour m'éloigner de lui et faire une cure de désintoxication", a répondu Emily Spanton.