Attentats du RER B : il y a 20 ans, station Saint-Michel, "des gens morts, des blessés et le silence"

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Des bouquets de fleurs déposés au lendemain de l'attentat. © AFP
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Mélanie Nunes avec AW , modifié à
Martine, agent de la RATP, est encore hantée par cette journée du 25 juillet 1995.
TÉMOIGNAGE

Il y a 20 ans, le 25 juillet 1995, une bombe explosait dans un RER B à la station Saint-Michel tuant huit personnes et en blessant plus de 150 autres. L'attentat, commandité par le GIA pour punir la France pour son soutien à Alger, fût le premier d'une longue vague d'attentats islamistes en France. 20 ans plus tard, Martine, agent de la RATP, désormais à la retraite s'est souvenue de de cette terrible journée au micro d'Europe1.

"Je n'ai rien pu faire". Ce mardi-là, à 17h30, il y a peu de voyageurs sur les quais de la station RER Saint-Michel. Martine surveille la station au premier étage lorsqu'un train du RER entre en gare. Quelques secondes plus tard, elle entend un bruit sourd. "Je suis descendue, il y avait de la fumée. Il y avait des gens morts, des blessés et le silence, un silence qui en disait beaucoup", raconte-t-elle au micro d'Europe1. "Je suis remonté avec des gens qui étaient blessés : il y avait un monsieur, blessé à la tête, qui avait du sang partout. Je n'ai rien pu faire, je n'ai pas pu sauver ces gens-là", poursuit-elle.

Elle ne comprend pas tout de suite que c'est un attentat. Complètement désorientée, Martine pense d'abord à un problème mécanique sur la rame : "on ne savait pas ce que c'était, on ne savait pas si c'était quelque chose d'électrique qui avait sauté. Un attentat ? On se demandait pourquoi un attentat là ?"

Toujours sous médicaments. De l'attentat, Martine a gardé une liste de noms écrits à l'encre noire sur des feuilles à carreaux : ceux des blessés qu'elle a pris en charge. "Cela fait partie de ma vie : avec des collègues, on s'en est occupés, on leur demandait s'ils avaient besoin d'eau, de quelque chose jusqu'à ce que les pompiers viennent pour les emmener à l'hôpital", se remémore-t-elle.

Des souvenirs toujours douloureux : tous les jours, Martine prend des médicaments mais lorsqu'elle entend des sirènes d'ambulance ou de pompiers, les images lui reviennent.

Une résonance avec les attentats de janvier. Les deux principaux auteurs de cette vague d'attentats, les Algériens Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, 37 ans, ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période sûreté de 22 ans. Smaïn Aït Ali Belkacem a refait parler de lui à l'occasion des attentats parisiens de janvier : Amédy Coulibaly, le preneur d'otages de l'épicerie casher, et l'un des frères Kouachi, les tireurs de Charlie Hebdo, avaient été arrêtés en 2010, soupçonnés de préparer son évasion.