Attentat d'Ankara : des milliers de pro-kurdes défilent à Paris

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© JOEL SAGET / AFP
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B.W. avec AFP , modifié à
Au lendemain de la double explosion ayant fait plus de 90 morts dans la capitale turque, samedi, plusieurs milliers de pro-kurdes ont manifesté à Paris, dénonçant "la politique de guerre" d'Erdogan, le président islamo-conservateur turc. 

Plusieurs milliers de personnes, kurdes en majorité, ont manifesté dimanche après-midi à Paris, au lendemain de l'attentat meurtrier d'Ankara, pour dénoncer la "politique de guerre" du régime turc. Samedi, une double explosion à proximité de la gare de la capitale turque a provoqué la mort d'au moins 95 personnes et en a blessé 246 autres, en amont d'un rassemblement pacifiste organisé par l'opposition pro-kurde. 

"Les martyrs de la révolution ne meurent jamais". Samedi, une manifestation avait déjà réuni un millier de pro-kurdes, à Paris. Ils étaient plus nombreux dimanche, 3.000 selon la préfecture de police, sous le mot d'ordre "Non à la politique de guerre et de terreur de l'État turc". Dans le cortège entre la place de la République et Châtelet, dans le centre de la capitale, flottaient un drapeau kurde géant, des bannières de différents mouvements politiques kurdes et des pancartes noires proclamant notamment : "Les martyrs de la révolution ne meurent jamais". Les manifestants ont scandé "Erdogan, assassin" et "Solution politique pour le Kurdistan".

Pas de revendication de l'attaque. L'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie n'a toujours pas été revendiqué. Le gouvernement turc a évoqué trois auteurs possibles : les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'organisation djihadiste État islamique (EI) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche. Mais le président Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP) sont aussi accusés par certains d'être responsables de la montée des tensions, à l'approche des élections législatives du 1er novembre et alors que les affrontements font rage entre forces de sécurité turques et PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Un acte contre "les forces progressistes". "On vient démontrer notre solidarité avec les peuples qui souffrent en Turquie et au Moyen-Orient. C'est un attentat contre les forces progressistes, contre la paix, contre ceux qui veulent faire de la Turquie et du Moyen-Orient une région stable", a déclaré à Paris, Yekbun Eksen, du Conseil démocratique kurde. "On dénonce aussi la politique d'Erdogan qui se sert de la haine et de la terreur comme bases de son pouvoir". Firat, jeune militant de la Fédération des associations de travailleurs et de jeunes (DIDF), jugeait aussi que "le responsable, c'est Erdogan". "L'attentat a eu lieu à un kilomètre de la présidence de la République, il ne peut pas ne pas être impliqué", a-t-il accusé.

Le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, qui a pris la parole place de la République, après une minute de silence, a établi un "lien direct" entre l'attentat d'Ankara et les élections législatives turques : "Le régime tyrannique d'Erdogan mène la guerre contre son propre peuple. Cet attentat porte la marque du pouvoir et de la duplicité qu'il entretient depuis des mois avec les criminels de l'Etat islamique", a-t-il dénoncé. D'autres rassemblement étaient prévus dimanche, notamment à Lyon et Toulouse. Samedi, des manifestations organisées dans la foulée de l'attentat avaient également réuni des centaines de personnes à Marseille, Strasbourg et Rennes.