Attaque de Notre-Dame : "un néophyte" fasciné par la propagande djihadiste

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Un homme a agressé à coup de marteau un policier sur le parvis de Notre-Dame à Paris, mardi dernier. © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP , modifié à
L'assaillant qui a blessé à coup de marteau un policier devant la cathédrale Notre-Dame à Paris a été mis en examen et écroué samedi soir.

Un terroriste "néophyte" fasciné par la propagande de l'État islamique : quatre jours après l'attaque au marteau d'un policier devant Notre-Dame de Paris, le profil de l'assaillant, qui a été mis en examen et écroué samedi, se précise. Farid I., doctorant algérien de 40 ans, inconnu des services de police et de renseignement, est "un néophyte que les services antiterroristes redoutent cependant tout autant que les profils aguerris", a relevé samedi le procureur de Paris François Molins lors d'une conférence de presse, évoquant "un processus de radicalisation extrêmement rapide sur Internet".

"Imprégné de propagande djihadiste". L'enquête a mis en lumière une personnalité "imprégnée par la propagande djihadiste", mais cette radicalisation s'est faite à l'abri des regards : aucun de ses proches n'en a perçu le moindre signe, a ajouté le procureur. Des images de l'attentat de Londres, le 3 juin, des vidéos "glorifiant" ceux de Paris et Bruxelles, un "manuel d'action des loups solitaires" édité par l'organisation État islamique, des éléments sur les années de sang en Algérie, l'Irak et les Frères musulmans ont été retrouvés dans son ordinateur et sur plusieurs clés USB.

Un guide à destination des candidats au djihad en France intitulé Les soldats du califat en terre des Francs, dont il semble être l'auteur, selon François Molins, a également été découvert. Une vidéo d'allégeance à l'EI a aussi été saisie dans sa résidence étudiante à Cergy, dans le Val-d'Oise.

 

Quand il a agressé au marteau une patrouille de trois policiers mardi 6 juin vers 16h20, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, blessant légèrement l'un d'entre-eux, Farid I., également muni de deux couteaux de cuisine, a crié "c'est pour la Syrie" puis revendiqué être "un soldat du califat", terme utilisé pour désigner le califat autoproclamé en juin 2014 par l'EI.

Une pratique religieuse "dure.  "Tout laisse à penser qu'il a agi seul, mais il entendait faire partager son passage à l'acte" puisqu'il a tenté, sans succès, de diffuser sa vidéo d'allégeance via la messagerie cryptée Telegram, a relevé François Molins. Blessé par un tir de riposte des policiers, Farid I. avait été placé mercredi dans une unité spéciale dédiée à l'hospitalisation des gardés à vue. Il a été mis en examen samedi soir par un juge antiterroriste pour "tentative d'assassinats sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", et écroué. 

Devant les enquêteurs, "il a immédiatement reconnu les faits" et s'est décrit comme "un musulman sunnite" qualifiant sa pratique religieuse comme "plutôt dure (...) depuis environ dix mois". Il a ajouté avoir "pris la décision d'agir quelques jours auparavant".

"Quelqu'un qu'on classerait dans la catégorie des intellectuels". Les enquêteurs vont désormais s'attacher à comprendre quand et comment, Farid I. a pu basculer. Benjamin d'une fratrie de 12 enfants, il poursuivait une thèse en sciences de l'information et de la communication à l'université de Lorraine à Metz, après un parcours universitaire en Suède. C'est en reprenant ce parcours que François Molins concède que c'est "quelqu'un qu'on classerait dans la catégorie des intellectuels". Entendu par les enquêteurs, son directeur de thèse a décrit un garçon "ouvert", "travailleur", "fervent défenseur de la démocratie occidentale", soulignant toutefois n'avoir plus de contact avec lui ces derniers mois, ce qui l'avait "surpris". Un ami d'enfance en Algérie a pour sa part mis en avant "une situation personnelle et sociale isolée".