Nantes Musulmans Reportage Coulon 1:47
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François Coulon, à Nantes, édité par
L'attentat perpétré par un Tchétchène de 18 ans à Conflans-Sainte-Honorine, il y a dix jours, a plongé de nombreux Français de confession musulmane dans le malaise. Certains d'entre eux, rencontrés par Europe 1 à Nantes, expriment leurs craintes de voir cet événement semer le poison de la division.
REPORTAGE

Dix jours après la décapitation de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, par un Tchétchène de 18 ans, la communauté musulmane souffre d’être "montrée du doigt comme si elle était tout entière responsable de la barbarie d’un décérébré". Dans beaucoup de quartiers en France, on sent monter le ferment de la division et la recherche douloureuse de boucs émissaires. À Nantes, certains jeunes, en souffrance, tentent d’appeler à l'unité pour "faire nation". Europe 1 s'est rendue sur place.

Comme après chaque attentat islamiste, le malaise est palpable dans le quartier de la Bottière. Ici, beaucoup se sentent pointés du doigt, comme si l'ensemble de la communauté musulmane était coupable de la décapitation de Samuel Paty. "Pourquoi accuser tous les musulmans, alors que c'est UN musulman qui a fait ça ?", interroge Hamza, 16 ans. "Parfois, je ne me sens pas très Français à cause des regards. Il faut communiquer pour vivre ensemble. Sinon, il n'y a pas d'unité, on n'avance pas et on est bloqués dans ces périodes de fortes tensions."

"Continuons à lutter ensemble"

D'autres tentent de mettre en garde contre le piège de la division. Certains font tout pour mettre de l'huile sur le feu, fulmine Adama, d'origine mauritanienne et "inquiet par toute cette ambiance" : "On voit bien que ça se sépare. Ce qui est négatif, c'est quand les gens ont une certaine haine. Ces gens qui font ces actes barbares, ça les arrange bien qu'il y ait une sorte de guerre civile. C'est peut-être ça leur objectif."

"En tant que Français, dans ces moments, il faut qu'on soit unis", poursuit Adama. "On est avant tout des citoyens français. On est là pour le pays. On est là pour faire avancer les choses. Continuons à nous souder, à lutter ensemble. C'est important de se retrouver autour de la patrie. On est tous du même pays !" Dans le quartier du Breil, une jeune fille désabusée se pose la question : "Serons-nous vraiment des Français comme les autres un jour ? Je n'y crois plus, non."