André Comte-Sponville, philosophe, était l'invité d'Europe Matin lundi. 5:40
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Quatre jours après l'attaque au couteau d'Annecy, André Comte-Sponville, auteur de "La clé des champs et autres impromptus", aux éditions PUF, était l'invité d'Europe Matin lundi. Le philosophe est revenu sur l'héroïsme et le courage d'Henri, 24 ans, qui a poursuivi et tenté de désarmer l'assaillant.

Des centaines de personnes ont rendu hommage aux victimes de l'attaque au couteau, dimanche à Annecy, qui a fait jeudi six blessés dont quatre très jeunes enfants désormais hors de danger. L'assaillant, qui n'explique toujours pas les raisons de son acte, a été mis en examen et placé en détention provisoire dans une cellule anti-suicide surveillée 24h/24h. Si le pays est toujours marqué par ce tragique événement, les Français trouvent pour certains des raisons de se relever avec l'acte héroïque de "l'homme au sac à dos". 

"Ce qui est héroïque, c'est qu'il n'était pas tenu de le faire"

Henri, 24 ans, a croisé la route de l'auteur présumé de l'attaque au couteau d'Annecy. Il l'a poursuivi et tenté de le désarmer jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. Caractérisé comme un héros depuis son acte, André Comte-Sponville, philosophe et auteur de La clé des champs et autres impromptus, aux éditions PUF, invité d'Europe Matin lundi, définit ce qu'est être un héros. "C'est celui qui fait preuve non seulement d'un extrême courage, mais d'un extrême courage, désintéressé et généreux", a-t-il indiqué avant de poursuivre.

"Henri a fait preuve d'un courage désintéressé et généreux. Attaquer sans autre arme qu'un sac à dos, quelqu'un qui a un poignard et qui est prêt à s'en servir, c'est un très grand courage. Ce qui est héroïque, c'est qu'il n'était pas tenu de le faire, il n'était pas concerné personnellement et il a pris le risque de le faire pour protéger des enfants", a ajouté le philosophe au micro d'Europe 1.

Henri, sincère dans son acte ?

Guidé par "une grande force intérieure", et sans mentionner une influence directe, Henri affirmait, sur Europe 1, ne pas avoir croisé la route de l'auteur présumé de l'attaque par hasard. Des propos qui ont vivement fait réagir sur les réseaux sociaux interrogeant le bien-fondé de l'acte de cet homme. "Il faudrait se réjouir qu'on ait une occasion d'admirer. Mais admirer est un sentiment de bas en haut. Dans ce cas-là, il a fait preuve d'un courage dont on ne sait pas soi-même si on en serait capable", a-t-il avoué.

"Rabaisser l'autre, c'est une façon de se faire valoir soi-même"

D'après André Comte-Sponville, il y aurait une part d'humilité dans l'admiration, et une part de vanité dans la dérision. "Rabaisser l'autre, y compris celui que tout le monde admire, c'est une façon de se faire valoir soi-même. Et au fond, ce qui règne dans les réseaux sociaux, c'est ça. Je parlais de haine, de mépris, de dérision. Il faudrait parler aussi de narcissisme, de vanité, cette façon de se faire valoir en rabaissant les autres et surtout en rabaissant ceux qui ont le tort d'avoir du succès ou d'avoir fait preuve de courage ou d'héroïsme. C'est quelque chose de très détestable. Et je crois que les réseaux sociaux, de ce point de vue, rajoutent beaucoup de dérision, de mépris, de haine, leur effet est sans doute délétère", a souligné l'auteur de La clé des champs et autres impromptus.