Amiante au tribunal de Créteil : la mort d'une ancienne juge fait polémique

Le tribunal de Créteil a été construit en 1977 et la présence d'amiante y est confirmée depuis 1997.
Le tribunal de Créteil a été construit en 1977 et la présence d'amiante y est confirmée depuis 1997. © JACQUES DEMARTHON / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Plusieurs syndicats et la famille de la magistrate ont estimé lundi que cette mort est liée à la présence d'amiante au tribunal où la juge a travaillé pendant dix ans.

Après la mort d'une juge d'un cancer, plusieurs syndicats et sa famille ont estimé lundi que ce décès était liée à la présence d'amiante au tribunal de grande instance de Créteil où elle a travaillé pendant dix ans. Françoise Bienvenu est morte en juillet à 62 ans d'un mésothéliome pleural malin, un "cancer foudroyant très intrinsèquement lié à l'amiante", a résumé sa fille, Hélène, lors d'une conférence de presse. "Il y a de fortes suspicions entre le cancer de ma mère et le lieu où elle a travaillé", a-t-elle ajouté.

10 ans de carrière à Créteil. Le tribunal de Créteil a été construit en 1977 et la présence d'amiante y est confirmée depuis 1997. Ancienne juge d'application des peines à la retraite, Françoise Bienvenu y a travaillé entre 1992 et 2002. Ses enfants ont fait diagnostiquer son domicile familial, qui n'a révélé aucune présence d'amiante. Hormis Créteil, la magistrate n'a travaillé qu'au tribunal d'Evry dans l'Essonne, où il n'y a pas d'amiante, selon l'entente syndicale du tribunal de Créteil.

Une "maladie professionnelle" chez un autre employé du site. Sa mort relance une polémique qui dure depuis presque 20 ans dans la juridiction. En 2001, Julien de Florès, un agent technique détaché au tribunal par le conseil départemental du Val-de-Marne entre 1977 et 2000, avait développé une asbestose pulmonaire. Le conseil départemental l'a reconnue comme "maladie professionnelle liée à l'amiante".

"Un plan rapide pour sécuriser le bâtiment". Après la mort de Françoise Bienvenu, "on ne peut pas rester spectateur plus longtemps", s'est indigné Daniel Naudin, porte-parole de l'entente syndicale. "Il faut mettre en place un plan sanitaire pour répertorier les anciens employés du tribunal et leur faire passer des examens, et il faut un plan rapide pour sécuriser le bâtiment". Les syndicats dénoncent des travaux de désamiantage du tribunal "sans cesse reportés depuis plus de dix ans".

La Chancellerie n'envisage pas de fermeture. Le ministère de la Justice prévoit d'effectuer "un désamiantage global du TGI", conjointement à "une mise aux normes des installations électriques et des systèmes de sécurité incendie", selon la Chancellerie. Le chantier doit démarrer "mi-2019" et doit durer trois à quatre ans. Ces travaux devaient initialement débuter en 2015. Le ministère a rappelé que des travaux de désamiantage partiel ont déjà eu lieu à Créteil au cours des quinze dernières années, notamment dans des "salles d'archives" et au "dépôt de police". "La seule présence de matériaux amiantés dans un bâtiment ne met pas en danger ses occupants et ne saurait conduire à sa fermeture", a déclaré la Chancellerie.