Fromage 1:45
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Pierre Herbulot, édité par Mathilde Durand
La marque Bel, productrice de la Vache qui rit ou encore du Boursin, lance une nouvelle gamme de fromage végétal. Si elle ne vise pas les passionnés de fromage, difficiles à convaincre, la cible réside plutôt dans les adeptes de nouveaux régimes alimentaires. Objectif : séduire un Français sur vingt, d'ici cinq ans. 

Un nouveau-né dans le pays du fromage. Les fromageries Bel, producteurs de la célèbre Vache qui rit, du Boursin ou encore du Leerdammer, se lancent dans le fromage végétal avec une nouvelle gamme baptisée Nurishh. Elle sera composée uniquement de fromages végans et disponible d'ici juillet dans quinze pays. Les industriels investissent prudemment le créneau, car cette spécialité a encore du mal à trouver sa place parmi les mille variétés de fromages existantes en France. Et les passionnés sont sévères.

"Ce n'est pas un produit qui me fera peur"

Derrière sa vitrine remplie de comtés plus ou moins affinés de petits chèvres frais d'époisses coulants, Marie découvre un peu inquiète cette spécialité végétale. "Ca n'a pas d'odeur, la couleur n'est pas terrible non plus, ça a un goût de sel : ce n'est pas bon", conclut-elle avec un froncement de sourcils accentué.

Ce simili camembert, fabriqué avec du lait d'amande et des noix de cajou, ne lui fera pas concurrence. "En soi, ce n'est pas un produit qui me fera peur. Même si une boutique ouvre à côté, je pense que si je ramène ça à mes clients, ils vont me dire : 'Mais Marie, il y a un problème."

"Je préfère rester au fromage de base", confie une cliente. "Bon courage avec ça...", lance un autre, qui comprend néanmoins la démarche. "Il faut de tout pour faire un monde".

Objectif : séduire un Français sur vingt, d'ici cinq ans

Difficile, voire impossible, de conquérir le cœur des habitants du pays du fromage. La directrice générale du groupe Bel, Béatrice de Noray en a conscience. "On a des régimes alimentaires de plus en plus diversifiés", explique-t-elle. La cible; ce sont justement ceux qui ont décidé d'arrêter les produits d'origine animale.

"Dans une famille française sur trois, au moins une personne se déclare fléxitarienne", explique-t-elle. "Donc l'idée, aujourd'hui, c'est un peu notre savoir-faire fromager au service de spécialités végétales qui représentent des alternatives au fromage."

Raisonnable, la marque espère séduire un Français sur vingt, d'ici cinq ans.