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Le philosophe, interrogé mercredi soir Europe 1, est revenu sur le profil du suspect placé en garde à vue après l'avoir injurié samedi dernier. 
INTERVIEW

Pour le philosophe Alain Finkielkraut, l'homme soupçonné d'avoir proféré à son encontre des injures à caractère antisémite à son encontre le week-end dernier est un "salafiste" adepte "du grand remplacement". "Cet individu a eu cette phrase saisissante en montrant son keffieh : 'La France est à nous, va à Tel Aviv'. "Quand on entend ce slogan, 'la France est à nous', on se dit qu'on est dans une variante de 'la France aux Français', du fascisme classique. Sauf que non : il dit 'La France est à nous, nous les salafistes'. Il est donc un adepte de la théorie du 'grand remplacement'. Je ne dis pas qu'il a lieu ce 'grand remplacement', mais que pour lui, il devrait avoir lieu. Et pour lui, les juifs devraient être les premiers à dégager", a déclaré le philosophe, interrogé mercredi soir par Sonia Mabrouk sur Europe 1. 

Alain Finkielkraut a été insulté samedi dernier en marge d'une manifestation parisienne de "gilets jaunes". Un homme, soupçonné de l'avoir insulté, est en garde à vue à Mulhouse. Selon une source proche du dossier, le suspect est un "petit délinquant, proche de la mouvance salafiste mais pas fiché radicalisé". 

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"D'autres étaient animés par la même haine". L'académicien a estimé que les informations sur le profil du suspect "ne (le) surprennent pas". "Mais il n'était pas le chef de file de la meute qui m'invectivait. D'autres étaient animés par la même haine. Pour autant, ils ne partageaient pas la vision du monde de ce salafiste. Il m'a traité de 'raciste, sioniste et de haineux'", a poursuivi Alain Finkielkraut, qui a ensuite expliqué pourquoi il n'a pas voulu porter plainte. 

"Je ne veux pas le dénoncer pour injures. Il ne m'a pas injurié, il a fait bien plus que ça. Le droit est désarmé parce qu'il ne me traite pas de sale juif, mais de sale raciste. Nous sommes dans l'expression d'une haine non pas raciale, mais anti-raciste. Il m'a dit 'Dieu va te punir'. Il était clair qu'il me promettait la mort. C'était comme une espèce de fatwa plébéienne."

"Ces 'gilets jaunes' ont traduit en injures un anathème élaboré par une partie du monde intellectuel". Alain Finkielkraut a ensuite estimé que les insultes proférés par certains gilets jaunes à son encontre sont la conséquence d'un "anathème élaboré par une partie du monde intellectuel". "Qui me traite de raciste et de fasciste depuis des années ? Ce ne sont pas des petits commerçants ou des artisans bouchers, mais dans les facs. C'est une certaine intelligentsia et une partie du monde journalistique. Ces 'gilets jaunes' ont traduit en injures un anathème élaboré par une partie du monde intellectuel. Ils ne me connaissent que parce que cette rumeur est là. C'est avec les mêmes termes que j'avais été chassé de Nuit Debout. Il y a des gens qui rêvent d'une convergence des luttes entre tous les peuples", s'est indigné le philosophe. 

"La haine des juifs est très répandu dans le monde arabo-musulman, et donc en France dans les quartiers. Si les juifs doivent déménager, ce n'est pas à cause des 'gilets jaunes'. Mais je ne veux pas incriminer les musulmans en général."