Affaire Halimi : après l’émotion, faut-il faire évoluer la loi sur l'irresponsabilité pénale ?

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Chloé Triomphe édité par Léa Leostic , modifié à

Une manifestation de soutien à la famille de Sarah Halimi, tuée en 2017, se tient dimanche après-midi à Paris, entre émotion et volonté de faire évoluer la loi. Car l’accusé, sous l’emprise de stupéfiant, a été jugé irresponsable pénalement par la cour de cassation, ce que contestent la famille et des avocats.

Une manifestation de soutien à la famille de Sarah Halimi, tuée en 2017, se tient dimanche à 14 heures, au Trocadéro à Paris. Et depuis la décision de la cour de cassation la semaine dernière, l'émotion ne faiblit pas. La plus haute juridiction a confirmé le fait que son meurtrier était irresponsable pénalement, à cause de son état de délire au moment du crime dû à la prise de stupéfiants. Certains avancent l'idée de faire évoluer les textes de loi sur cette question.

Car aujourd'hui, selon la loi, la prise de stupéfiants peut être une circonstance aggravante dans différents cas de figure, notamment pour des agressions sexuelles ou des délits routiers. Mais dans le cas du meurtre de Sarah Halimi, cette même prise de stupéfiant, qui a fait basculer l'auteur du meurtre dans un état de bouffée délirante, n'est pas prise en compte par la loi.

Les partisans d'une modification de la loi en appellent au législateur

"Nous attendons du législateur qu’il précise que ce texte d’irresponsabilité pénale ne peut profiter à une personne qui s’est mis volontairement dans un état d’inconscience en consommant une substance illicite ou de l’alcool de manière excessive", confie au micro d’Europe 1 Muriel Ouaknine Melki, avocate de la famille, qui voudrait faire changer.

Mais pour l'instant, comme l'a précisé la cour de cassation, la loi ne permet pas cette distinction. Ce qui est pris en compte pour décider de l'irresponsabilité pénale de quelqu'un, et donc de l'absence de procès, c'est le résultat, c'est à dire le fait que l'auteur avait son discernement aboli au moment des faits, quelle qu'en soit la cause. Les partisans d'une modification de la loi en appellent donc au législateur. "Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors 'comme fou' ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale", a commenté dimanche dernier le président de la République Emmanuel Macron qui a demandé une évolution législative.

Sarah Halimi, une femme juive de 65 ans, a été assassiné en avril 2017, dans le 11e arrondissement de Paris, par son voisin musulman de 27 ans, Kobili Traoré. En 2019, la décision de non-lieu avait déjà suscité un fort débat politique.