Affaire Polanski : la projection de "J'accuse" perturbée à Rennes, les salles évacuées

J'accuse cinéma Polanski
J'accuse,dont la sortie a été accompagnée d'une polémique d'ampleur autour de son réalisateur, a réalisé un bon démarrage cette semaine. © Martin BUREAU / AFP
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avec AFP
Samedi soir, des militantes ont perturbé la projection du dernier film de Roman Polanski, accusé récemment de viol par une photographe française, dans un cinéma de Rennes. Les trois séances prévues dimanche ont été annulées en raison de cet incident.

Des militants féministes opposés à la diffusion de J'accuse de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol, ont perturbé samedi soir une séance de cinéma du TNB à Rennes, qui a été annulée, a appris l'AFP dimanche. "On a envahi le TNB à Rennes pour exiger la déprogrammation de J'accuse !!! Des centaines de personnes ont été évacuées, on attend de rencontrer le directeur qui a expliqué dans une lettre que projeter J'accuse c'était ouvrir le débat", a posté sur Twitter "Jeanne La Rouge", militante féministe et syndicaliste étudiante.

Après une longue discussion avec les militants, la direction a décidé de déprogrammer les trois séances prévues dimanche mais a maintenu les suivantes. "Les militants ont envahi le TNB assez brutalement et déclenché l'alarme qui a interrompu toute l'activité du théâtre, dont deux spectacles, en plein festival. Plus de 1.200 spectateurs ont dû être évacués. Les spectacles ont repris après 30 minutes d'interruption", a réagi la directrice générale Anne Cuisset.

Le directeur défend sa programmation

Dans une longue lettre publiée sur le site du TNB, le directeur Arthur Nauzyciel explique les raisons de son choix. Ce film "traite d'un sujet brûlant et d'une page d'histoire honteuse de notre pays et dont le scandale se perpétue encore aujourd'hui", rappelle-t-il. "Cependant, son réalisateur fait l'objet depuis des années de plaintes pour viols et de demandes de réparation en justice. Et depuis des années, notre société est engourdie jusqu'à la surdité quant aux questions de harcèlements sexuels et de violences faites aux femmes", poursuit-il.

A la question de savoir si l'on peut "dissocier l'oeuvre de l'homme", il répond : "Ne désirant pas penser seul cette expérience inédite, je prends le risque de maintenir les séances du film pour que cela ouvre une brèche dans la compréhension de ce que nous traversons". "Déprogrammer le film serait évacuer le débat, sa complexité, et nous ferait rater une chance de conscientiser ce que nous traversons en apprenant de nos erreurs, si ce choix, car c'en est un, s'avère en être une", conclut Arthur Nauzyciel.

Valentine Monnier, photographe française, ancien mannequin qui a également joué dans quelques films dans les années 80, accuse Roman Polanski de l'avoir frappée et violée en 1975 en Suisse alors qu'elle avait dix-huit ans.