Affaire Kulik : Willy Bardon dans un état grave après avoir ingéré un produit, juste après sa condamnation

Willy Bardon a ingéré un produit en plein tribunal, quelques instants après sa condamnation dans l'affaire Kulik.
Willy Bardon a ingéré un produit en plein tribunal, quelques instants après sa condamnation dans l'affaire Kulik. © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP et Maximilien Carlier , modifié à
Willy Bardon a ingéré un produit quelques instants après sa condamnation à 30 ans de réclusion dans l'affaire Kulik. Il est dans un état grave. 

Willy Bardon, condamné vendredi à 30 ans de réclusion, est "en réanimation à l'hôpital, dans un état grave et préoccupant", après avoir avalé "un produit" juste après l'énoncé du verdict. "On ne sait pas quel est le produit qu'il a ingéré", ni "comment il a pu cacher ça" alors qu'il avait "été fouillé", a déclaré à la presse le procureur de la République d'Amiens Alexandre de Bosschère. Selon son avocat Me Stéphane Daquo, il a ingurgité ce qui ressemble à un cachet, puis le contenu d'une bouteille d'eau. Un proche de Willy Bardon avait "dit qu'il attenterait à ses jours s'il était condamné". 

 

Willy Bardon a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises de la Somme pour enlèvement et séquestration suivis de mort et le viol d'Elodie Kulik en 2002. La jeune femme, employée de banque de 24 ans, avait été enlevée, violée, étranglée, puis brûlée. 

"Je pense que la volonté qui est la sienne, c'est de ne pas supporter la prison"

"Je ne comprends pas ce verdict (...) je ne vois pas les éléments qui emmènent à condamner cet homme", a réagi Me Daquo, annonçant son intention de faire appel. Concernant le geste de Willy Bardon, "on n'a pas d'explication, je pense que la volonté qui est la sienne, c'est de ne pas supporter la prison", a-t-il dit. "Cela s'est passé dans notre dos, on a eu l'impression qu'il avalait quelque chose. Nous on est à ses côtés depuis le début et on voit bien qu'il est écrasé, c'est une tension tellement énorme", ont ajouté ses avocats.

Regrettant lui aussi le geste de l'accusé, le père de la victime Jacky Kulik s'est dit "soulagé" de ce verdict qui "rend enfin justice à Elodie". Celui qui voulait, selon ses mots, "voir croupir en prison" l'accusé, est très amer : "Il a avalé un cachet, c'est le geste d'un innocent hein, ça prouve bien qu'il est vraiment innocent", s'indigne-t-il avec une pointe de mépris. "Je pourrai aller demain sur leur tombe et dire que j'ai fait mon travail", a-t-il déclaré, évoquant aussi son épouse Rose-Marie, décédée.

Elodie Kulik, employée de banque de 24 ans avait été enlevée, violée, étranglée, puis brûlée en janvier 2002 à Tertry, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Quentin, dans l'Aisne. Avant de mourir, la jeune femme avait appelé les secours, un enregistrement glaçant de 26 secondes considéré comme la pièce maîtresse du dossier, qui a ébranlé la salle d'audience à de nombreuses reprises pendant deux semaines. 

Willy Bardon jure être innocent

Si la participation de Grégory Wiart, décédé en 2003 et dont on avait retrouvé l'ADN sur la scène du crime en 2012, est "indéniable", les deux hommes entendus sur l'enregistrement "font forcément partie de ses ravisseurs" et "le seul proche" qui est "reconnu sur la bande" par plusieurs témoins est Willy Bardon, avait déclaré vendredi matin l'avocate générale Anne-Laure Sandretto. "Dans ce dossier, nous avons 12 témoins" de l'entourage de Bardon, interrogés sur la bande sonore, parmi lesquels "six sont formels et le reconnaissent", avait elle rappelé. 

"M. Kulik, je suis innocent, je vous jure je n'y étais pas !", avait plus tard lancé Willy Bardon, des larmes dans la voix, après les plaidoiries de ses avocats.