justice 1:58
  • Copié
Stéphane Burgatt avec AFP / Crédit photo : LOIC VENANCE / AFP , modifié à
En détention depuis quarante jours, le policier soupçonné d'avoir blessé le jeune Hedi avec un tir de LBD en marge des émeutes à Marseille au début du mois de juillet, a été remis en liberté. Une décision qui "soulage" les fonctionnaires dans les commissariats. Du côté de la victime, son avocat Me Preziosi s'inquiète d'un "déferlement de mensonges".

Le policier marseillais auteur du tir de LBD qui aurait grièvement blessé Hedi, 22 ans, en marge des émeutes à Marseille début juillet, a été remis en liberté vendredi, quarante jours après son placement en détention provisoire, a-t-on appris auprès du parquet et de son avocat. La décision d'envoyer ce policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille derrière les barreaux avait provoqué la colère de nombreux de ses collègues à travers la France. Il est désormais "placé sous contrôle judiciaire", a précisé à l'AFP son avocat, Me Pierre Gassend.

Interdiction d'exercer "la profession de fonctionnaire de police"

Dans le cadre de ce contrôle judiciaire, il a interdiction d'exercer "la profession de fonctionnaire de police", a insisté dans un communiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens.

"Christophe s'est expliqué sur les circonstances de ce tir de LBD, en démontrant qu'il en avait fait l'usage sur le jeune Hedi, alors que celui-ci était en train de lancer un projectile susceptible de menacer l'intégrité de ses collègues", a affirmé Me Gassend, reprenant les explications données par son client devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence début août. "Christophe a estimé avoir fait son devoir dans l'exercice de ses fonctions, dans un contexte de violences urbaines", a-t-il poursuivi.

Une décision qui soulage les fonctionnaires dans les commissariats, témoigne Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance : "Bien sûr que ça va soulager une grosse partie des collègues, mais cette détention provisoire aura beaucoup marqué tous les policiers. Il y a un avant et il y aura un après, bien sûr que cette affaire laissera des traces. Je le sens véritablement au contact des collègues, tous les jours", assure le syndicaliste, qui s'étonne de l'interdiction d'exercer décidée dans le cadre de cette liberté conditionnelle. "On pouvait le retirer de la voie publique et le laisser dans un bureau, loin de ses collègues", estime-t-il.

Une libération qui a aussi fait réagir du côté de la victime, Hedi. "Compte tenu de la pression extrême dans ce dossier, cette remise en liberté ne m'étonne pas", a réagi Jacques-Antoine Preziosi, l'avocat du jeune Hedi, dont une partie du crâne a dû être amputée par les chirurgiens après son hospitalisation suite à ce tir de LBD puis son passage à tabac par d'autres policiers : "Hedi est effondré. Il est en plus à l'hôpital pour y subir des examens car son état de santé se dégrade". 

"On va maintenant assister à un déferlement de mensonges entre le tireur et les cogneurs qui vont dire qu'Hedi était menaçant et qu'ils étaient en état de légitime défense. Or les vidéos disent le contraire", a insisté Me Preziosi.

Quatre affaires de violences policières présumées à Marseille

Au total, quatre affaires de violences policières présumées ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes à Marseille, dont une a conduit à la mise en examen de trois policiers du Raid suite au décès de Mohamed Bendriss, 27 ans, très vraisemblablement touché d'un tir de LBD, la même nuit du 1er au 2 juillet où a été grièvement blessé Hedi.

Dans l'affaire Hedi, quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen, pour violences volontaires aggravées par trois circonstances, le fait d'avoir été commises en réunion, avec usage ou menace d'une arme et par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de leurs fonctions.