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Jean-Luc Boujon, avec AFP
Berkane Makhlouf a nié vendredi devant les assises du Rhône toute violence sur Fiona, morte en 2013, se disant "écœuré" par les accusations lancées la veille par la mère de la fillette, Cécile Bourgeon. Berkane Makhlouf a été condamné à 20 ans de réclusion en première instance pour avoir porté les coups mortels à la fillette de 5 ans.

"Je n'ai jamais frappé Fiona de ma vie" : Berkane Makhlouf a nié vendredi devant les assises du Rhône toute violence sur Fiona, morte en 2013, se disant "écœuré" par les accusations lancées la veille par la mère de la fillette. Berkane Makhlouf, condamné à 20 ans de réclusion en première instance pour avoir porté les coups mortels à la fillette de 5 ans, a fait le récit d'un épisode de violence de Cécile Bourgeon sur sa fille, quelques heures avant sa mort. "Samedi soir, j'entends gueuler dans la chambre et Cécile crie 'J'en ai ras-le-bol de toi Fiona' et j'ai vu les cheveux de Fiona qui partaient sur le côté", a-t-il décrit.

 

"Elle m'a envoyé en prison pour des choses que je n'ai pas faites"

"C'est sûr et certain, Fiona est morte dans la nuit entre le samedi soir et le dimanche matin", soit dans la nuit du 11 au 12 mai 2013, a concédé l'accusé, tandis que la victime avait été vue vivante pour la dernière fois le mercredi 7 mai.
Dans le box, il a raconté avoir découvert le "dimanche matin" un "cauchemar" : la fillette gisait dans sa chambre "recroquevillée sur elle-même" et ses tentatives pour la ranimer ont été vaines. Le couple signalera la disparition de Fiona le dimanche soir et fera croire à un enlèvement dans un parc de Clermont-Ferrand.

Quatre mois plus tard, la mère de Fiona finira par avouer que sa fille est morte après un coup mortel porté selon elle par son ex-compagnon et qu'ils l'ont enterrée dans une zone boisée. Le corps n'a jamais été retrouvé. Le scénario du rapt a été échafaudé par Cécile Bourgeon, a soutenu Berkane Makhlouf, disant avoir "l'impression que l'emprise était inversée", en écho aux mots prononcés la veille par sa co-accusée, qui avait évoqué "l'emprise" de ce dernier sur elle. "Elle m'a envoyé en prison pour des choses que je n'ai pas faites", a-t-il encore dénoncé, expliquant n'avoir à l'époque de sa garde à vue pas "voulu charger" la jeune femme en raison des sentiments qu'il éprouvait pour elle. En revanche, elle a raconté "tout et n'importe quoi" sur son compte, selon lui.

 

"Si je savais où était le corps, il y a longtemps que j'aurais montré où c'était"

Accusé à nouveau par son ancienne compagne d'avoir "fait du mal" à la fillette de cinq ans, l'homme de 39 ans s'est dit "écœuré", se défendant avec plus de vigueur que lors des précédents procès et estimant que Cécile Bourgeon voulait "se dédouaner" et lui "faire porter le chapeau". "Je ne suis pas innocent, on a baladé l'institution judiciaire et beaucoup de monde et il (le père de Fiona) ne sait toujours pas ce qui est arrivé à sa gamine", a concédé l'accusé. L'avocat général Joël Sollier s'est étonné que Berkane Makhlouf eut dans sa vie commis des "violences contre beaucoup de personnes de (son) entourage, y compris Cécile Bourgeon, sauf Fiona qui meurt de ses blessures".

Le magistrat a également relevé que les deux accusés étaient "en désaccord sur tout sauf sur les conditions de l'enterrement". "Je vous jure sur mon fils B., si je savais où était le corps, il y a longtemps que j'aurais montré où c'était", a-t-il déclaré. Jeudi, Cécile Bourgeon a répété que le corps était enterré "près du lac d'Aydat", mais les nombreuses recherches dans ce secteur n'ont jamais abouti. Condamnée en 2016 en première instance à cinq ans d'emprisonnement, Cécile Bourgeon comparaît libre en appel à Lyon, mais elle encourt 30 ans de réclusion criminelle pour des coups mortels portés à sa fille.

Tandis que les débats de ce quatrième procès touchent bientôt à leur fin, Berkane Makhlouf a déploré : "C'est dommage, la vérité, on ne l'a toujours pas". Le verdict est attendu mercredi.