Abdelhakim Dekhar, le "tireur de Libé", condamné à 25 ans de réclusion

Dekhar a été condamné à 25 ans de prison vendredi.
Dekhar a été condamné à 25 ans de prison vendredi. © Benoit PEYRUCQ / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Abdelhakim Dekhar, "le tireur de Libé" jugé pour tentatives d'assassinat et séquestration, a été condamné vendredi soir à 25 ans de réclusion criminelle.

 

Abdelhakim Dekhar, "le tireur de Libé" jugé pour tentatives d'assassinat et séquestration en 2013, a été condamné vendredi soir à 25 ans de réclusion criminelle, une peine assortie d'une période de sûreté des deux-tiers, par la cour d'assises de Paris. Cette condamnation, annoncée après neuf heures de délibéré, est conforme aux réquisitions du parquet qui avait estimé qu'Abdelhakim Dekhar avait agi "par "dépit social" et "rancœur" envers la société. 

Son logeur, Sébastien Lemoine, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour lui avoir fourni de l'argent et l'avoir hébergé. Sébastien Lemoine était avec Abdelhakim Dekhar quand ce dernier avait jeté à la poubelle son fusil; il l'avait dénoncé le 20 novembre 2013. 

Périple armé dans la capitale. Jugé depuis une semaine, Abdelhakim Dekhar avait été qualifié d'"ennemi public numéro un" pendant cinq jours de traque, en novembre 2013 à Paris. Son périple armé avait démarré à BFMTV, où il avait menacé un rédacteur en chef avec un fusil à pompe. Il lui aurait alors dit "La prochaine fois, je ne vous raterai pas", avant de prendre la fuite en laissant deux cartouches à terre. Trois jours après, Abdelhakim Dekhar avait grièvement blessé par balle un assistant photographe à Libération, César Sébastien. Il s'était ensuite rendu dans le quartier d'affaires de la Défense, où il avait tiré sur une porte d'entrée de l'immeuble de la Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un automobiliste en otage. 

"Tuer par dépit social". L'accusation avait estimé qu'il y avait bien eu une tentative d'homicide volontaire avec préméditation contre Philippe Antoine, alors rédacteur en chef à BFMTV, et contre César Sébastien, l'assistant photographe blessé à Libération. "Le principal mobile, c'est tuer par dépit social", avait dit l'avocat général Bernard Farret dans son réquisitoire. Il y a chez Monsieur Dekhar "un ressentiment contre la société, l'Etat, le capitalisme", "un désir de vengeance". "Il n'est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancœur", avait mis en avant le magistrat. 

"Scénariser son suicide". Abdelhakim Dekhar, un homme de 52 ans qui se présente comme un "intellectuel", s'est plusieurs fois emporté en parlant politique pendant son procès, évoquant aussi bien la colonisation de l'Algérie que la crise de la sidérurgie dans l'est de la France, les banlieues. Mais dès le premier jour, il a raconté son "désespoir" et expliqué avoir "voulu scénariser son suicide". Abdelhakim Dekhar a déjà été condamné aux assises, en 1998, dans un dossier criminel majeur lié aux milieux de l'ultragauche.