"À mon âge, vous êtes plus vulnérable" : en 5 ans, le nombre de personnes de plus de 50 ans appelant le 115 a augmenté de 6,5%

Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à se retrouver à la rue. Photo d'illustration.
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Théo Maneval, édité par Antoine Terrel , modifié à
REPORTAGE - Depuis cinq ans, de plus en plus de personnes de plus de 50 ans composent le 115, alerte le Samu social, qui lance mercredi une campagne d'affichage sur le sujet. 
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"On est là pour rappeler qu'elles existent". Dans la rue, les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses, et sont encore plus exposées aux températures extrêmes, problèmes de santé, ou violences. Près d'une personne sur cinq qui compose le 115 a plus de 50 ans, et ce chiffre est en hausse de 6,5% ces cinq dernières années, rappelle le Samu social de Paris, qui lance mercredi une campagne pour lancer l'alerte. 

Marcel avait 74 ans lorsqu'il s'est retrouvé à la rue. Au décès de sa compagne, il n'avait plus de logement et pas les garanties financières pour en louer un lui-même. Au final, plusieurs années d'hôtel ont raison de ses économies. "Je suis resté six mois dans la rue", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "À mon âge vous êtes beaucoup plus vulnérable", dit encore le septuagénaire, qui décrit les vols, comme celui de sa valise, ou les agressions dont il a pu être victime. "Je dormais dans un jardin avec deux jeunes garçons. Ils m'ont mis un cutter sur la gorge et m'ont demandé mon portefeuille".

"Les personnes âgées ont tendance à être plus discrètes"

Comme Marcel, 18% de ceux qui appellent le 115 aujourd'hui ont plus de 50 ans. Forcément, ils sont également handicapés par une santé plus fragile. "J'avais un pied qui était volumineux, c'était infecté, c'était des ulcères", se souvient Marcel, à qui les médecins ont aussi découvert "un problème cardiaque léger".

En cinq ans le nombre de personnes âgées composant le 115 a augmenté de 6,5%, selon le Samu social, qui lance donc une campagne d'affichage pour alerter sur leur situation et sur le besoin d'une meilleure prise en charge. "Ce n'est pas forcément évident pour les travailleurs sociaux qui sont débordés, parfois plus accaparées par les personnes actives tandis que les personnes âgées ont tendance à être naturellement plus discrètes", explique à Europe 1 Anne-Cécile Graillot, une des coordinatrices de la mission Interface, dédiée à l'accompagnement des personnes âgées sans-abri. "Donc on est là pour rappeler qu'elles existent".

La mission ambitionne aussi de trouver à ces personnes des centres d'hébergement adaptés, médicalisés si besoin. L'urgence est d'autant plus grande, au vu des fortes chaleurs du moment dues au retour de la canicule.