Le QG de la police de Marseille vient d'inaugurer une "salle Mélanie", un dispositif permettant de recueillir les plaintes des jeunes victimes de violences sexuelles.
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Nathalie Chevance, édité par Laura Andrieu
Le QG de la police de Marseille vient d'inaugurer une "salle Mélanie", un dispositif permettant de recueillir les plaintes des jeunes victimes de violences sexuelles. Europe 1 a pu visiter les lieux. 
REPORTAGE

Jouets d'enfants, peluches dans les tiroirs… Cette salle au dernier étage du QG de la police marseillaise ressemble à une véritable chambre d'enfants. Il s'agit d'une "salle Mélanie", un dispositif qui vient d'être inauguré au sein de la deuxième brigade des mineurs la plus importante de France après Paris. Ce nouvel outil est destiné à recueillir la parole des plus jeunes victimes de violences sexuelles, âgées de 3 à 8 ans.

"La libération de la parole est extrêmement délicate"

Dans cette salle, tout a été pensé pour libérer la parole des enfants, comme l'explique David Brugère, chef de la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône : "L'idée, c’est de casser les codes d’un bureau de police classique qui peut freiner la parole de l’enfant. Il n’y a plus d’ordinateurs, il n’y a pas le va-et-vient des policiers. C'est un moyen pour les enquêteurs de créer la relation de confiance avec la petite personne victime, pour qu’elle soit dans un environnement complètement apaisé."

Poupées de chiffon, salle "Mélanie"

Au milieu des jouets, des outils très spécifiques sont disposés, notamment des poupées de chiffons qui permettent aux enfants de refaire certains gestes. "Ce sont des poupées sexuées, il y a le sexe de l’homme, et celui de la femme. Il y a également les orifices. On demande à l'enfant, comment s'appelle cette partie du corps ? Quand il nous parle, il peut nous dire, par exemple, 'il m’a touché le mignon', ce qui peut faire référence à son sexe. Ils peuvent comprendre à 3 ou 4 ans que ce qui leur a été fait ne leur a pas plu", détaille Carole, enquêtrice à la brigade des mineurs. 

Les déclarations spontanées des enfants sont entièrement filmées afin qu'ils n'aient pas besoin de se répéter. Ce système est donc plus efficace, souligne le capitaine Marc Rolland : "Ce sont des secrets très lourds à porter. Les auteurs d’agressions sexuelles, la plupart du temps, sont les parents. La libération de la parole est donc forcément extrêmement délicate et compliquée". Mais, d’après les enquêteurs, un seul passage dans la salle "Mélanie" suffit souvent à libérer la parole des enfants.