Villiers-le-Bel : "un accident inévitable"

Les policiers surveillent l'entrée du tribunal de Pontoise, lors du premier procès du policier de Villiers-le-Bel en 2010.
Les policiers surveillent l'entrée du tribunal de Pontoise, lors du premier procès du policier de Villiers-le-Bel en 2010. © MAX PPP
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C.B avec Guillaume Biet
TÉMOIGNAGES - Le tribunal a décortiqué les circonstances de l'accident et la responsabilité du policier.

Dans quelles circonstances s'est déroulé l'accident de Villiers-le-Bel en 2007 ? Le tribunal de Pontoise, dans le Val-d'Oise, s'est penché jeudi sur cette question. En novembre 2007, une collision entre une moto et une voiture de police avait causé la mort de deux jeunes mineurs, Mouhsin et Laramy. Leur décès avait été à l'origine de trois nuits de violentes émeutes. Plus de cinq ans après les événements, le procès du fonctionnaire qui conduisait le véhicule s'est ouvert dans un climat particulièrement tendu. Les familles attendent en effet des réponses sur les circonstances de l'accident.

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"C'était lui le responsable". Toute la journée de jeudi a donc été consacrée à décortiquer les circonstances précises de cette collision, expertises à l'appui. Calmement, les familles des deux adolescents ont écouté le policier répéter qu'il n'avait jamais eu l'impression de rouler trop vite - alors qu'il roulait à 64 km/h au lieu de 50km/h au moment du choc. La grande sœur d'Aramy, le pilote de la moto, souhaite seulement que le fonctionnaire assume sa faute. "On voudrait qu'il dise la vérité, on sait bien qu'il n'a pas fait exprès de le tuer. Mais il pourrait au moins reconnaitre qu'il a roulé vite et qu'il s'agissait d'un accident. Mais c'est ça qu'il ne veut pas avouer, c'est ça qui est dommage", déplore-t-elle au micro d'Europe 1.

Concernant d'éventuelle excuse, les proches estiment qu'ils n'en ont jamais reçu en cinq ans et qu'il est à présent trop tard. C'est notamment l'avis du père de Mouhsin, le passager de la moto. Pour lui, il n'y a qu'un seul fautif : le policier. "C'était lui le responsable parce qu'on ne peut pas donner la responsabilité à deux jeunes qui sont encore mineurs. Ils n'étaient pas majeurs et qu'il s'agisse d'un piéton, qu'il s'agisse d'un gamin, il faut toujours respecter les intersections", a-t-il commenté sur Europe 1.

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L'absence de casque fatale aux deux jeunes. Pourtant, c'est bien la moto des deux victimes qui a refusé la priorité à la voiture de police. D'après l'expert en accident, les deux véhicules roulaient trop vite, et se sont vus au dernier moment. Mais selon lui, si les deux ados sont morts c'est parce qu'ils ne portaient pas de casques, peu importe la vitesse des policiers.

Un avis partagé par Me Champagne, l'avocat de Franck Viallet, le policier qui a pris place au premier rang de la 6e chambre du tribunal correctionnel. "Je constate que l'expert vient redire ce qu'il a dit dans son rapport. A savoir, que malheureusement, du fait que les adolescents ne portaient pas de casque, la vitesse du véhicule de police n'a pas d'incidence sur les conséquences mortelles. Même si il avait roulé à 50km/h, même s'il avait roulé à 40km/h", commente l'avocat.

"Un accident n'a pas forcément de coupable". Ce dernier précise que le mauvais état de la moto des deux jeunes a également été à l'origine de la violence de l'accident. "On sait que cette moto ne pouvait pas freiner du tout, que les pneus étaient lisses sur la bande de roulement. Ces garçons ne pouvaient pas faire d'arrêt d'urgence. Ils ne pouvaient que virer. C'est peut-être ce qu'ils ont fait, mais ils sont allés heurter le véhicule de police", raconte Me Champagne.

Pour l'avocat cet accident était "inévitable". "La question est de savoir si l'un et l'autre pouvaient s'éviter ce jour là tant les vitesses étaient élevées également du coté de la moto. J'ai bien peur que cet accident était inévitable. Je pense que certains accidents ne peuvent pas être évités. Je ne suis pas sûr que dans ce dossier, si on avait changé les facteurs d'un côté ou de l'autre ça aurait changé. C'est un terrible accident, mais ça reste un accident. Un accident n'a pas forcément de coupable. Il y a des responsables, mais pas de coupables", conclut-il.