Van Ruymbeke sur le gril au procès Clearstream

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Le juge Van Ruymbeke, entendu comme témoin, s'est défendu mardi d'avoir voulu nuire à Nicolas Sarkozy.

"Je suis totalement étranger à l'affaire Clearstream", a martelé quatre heures durant Renaud Van Ruymbeke, fines lunettes et cravate bleu ciel, au procès Clearstream."A l'époque, j'étais dans le brouillard. C'est facile de refaire l'histoire des années après. (...) Je travaillais sur l'affaire des frégates, le reste je n'avais pas à m'y intéresser. (...) Je n'en étais pas saisi", a encore témoigné le magistrat de 57 ans.

Entendu comme témoin au huitième jour du procès, Renaud Van Ruymbeke s’est défendu d’avoir joué un rôle dans le dossier Clearstream.

Tout commence fin avril 2004 quand un avocat, Me de Montbrial, vient trouver le juge d'instruction, alors empêtré dans une enquête sur des commissions et rétrocommissions versées en marge de la vente de frégates à Taïwan.

"Il me dit, voilà, je connais un haut dirigeant d'une des principales sociétés d'armement qui connaît les comptes que vous cherchez dans le dossier des frégates. Ca passe par Clearstream. Ce monsieur veut absolument vous rencontrer", sans apparaître "pour des raisons de confidentialité et surtout de sécurité", raconte le juge van Ruymbeke. Intrigué, le magistrat rencontre alors à deux reprises au domicile de l'avocat, l'homme en question : Jean-Louis Gergorin.

"Jean-Louis Gergorin m'est apparu totalement de bonne foi. Il y a deux éléments objectifs qui confortent sa bonne foi : c'est lui qui a exigé de me rencontrer (avant de transmettre les listings, ndlr), je ne peux pas penser une seconde qu'il se tire une balle dans le pied", a affirmé le magistrat.

A la barre, le juge a admis avoir accepté de verser au dossier ces informations sous forme de lettres anonymes, mais s'est dit de bonne foi, assurant qu'il n'avait jamais consenti explicitement à cette procédure, suspectée d'être irrégulière. Dans un entretien donné en 2006, Nicolas Sarkozy avait stigmatisé "l'alliance d'un corbeau et d'un juge".

Ce magistrat emblématique de 57 ans, qui a notamment instruit l'affaire des détournements de fonds à Elf, a vu sa carrière freinée par l'affaire Clearstream. Il a été pris dans le maelström de cette machination en étant le destinataire des fichiers falsifiés qui lui ont valu une comparution devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).