Un détenu aurait été torturé à Fleury-Mérogis

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les violences auraient été commanditées par les surveillants qui souhaitaient le faire taire. Une information judiciaire a été ouverte.

C’est la parole d’un ex-taulard contre ses anciens matons. Une information judiciaire pour violences aggravées a été ouverte, mardi, après qu'un ancien détenu de Fleury-Mérogis a affirmé avoir subi des violences de la part d'autres prisonniers, à la demande de surveillants de l’établissement pénitentiaire.

Cet ancien détenu de 32 ans livre son récit dans le journalLe Monde

daté de mercredi. L’histoire démarre le 25 août 2007. Ce jour-là, il assiste à une scène compromettante à l’infirmerie de la prison de Fleury-Mérogis. Un de ses codétenus, Denis Ardon, vient d’y être amené après une bagarre dans la cour de promenade. "Les surveillants l'ont mis à terre et l'ont tapé. Ils lui disaient "arrête de faire ton cinéma, mets toi debout" ; le mec ne répondait pas", assure-t-il dans le procès-verbal dont Le Monde a pris connaissance. Le détenu décède quelques heures plus tard. Après sa mort, les surveillants "s'engueulent entre eux", explique l'ancien détenu. Ils semblent oublier qu'un témoin assiste au drame. Les surveillants nieront avoir frappé Denis Ardon.

Son calvaire démarre deux semaines plus tard. "Dans les jours qui suivent l'incident de l'infirmerie, j'ai constaté que des surveillants avaient une attitude bizarre envers moi. Ils étaient trop gentils", explique-t-il. Il devient ainsi "auxiliaire de cantine". Mais sa situation change subitement, après la visite de l’assistante sociale. On le soupçonne alors d’être "une balance". Il fait l'objet de menaces et de "gifles" de la part de gradés de l'administration pénitentiaire. "On lui a fait comprendre qu'il devait se taire", estime son avocat Me Brossier. Il dit avoir aussi subi des violences de la part d’autres prisonniers. Placé en isolement, des codétenus lui auraient infligé des brûlures aux fesses avec une résistance, et l’auraient, d’après ses dires, violé avec le manche d'une balayette. Des actes qui relèvent "de la torture et de la barbarie" pour son avocat.

Pour Stéphane Bradefer, secrétaire du syndicat de surveillants UFAP, "ce sont des calomnies" :

 

 

"Si les faits sont avérés, c'est quelque chose d'extrêmement grave et j'exige que toute la lumière soit faite. Il y une enquête en cours", a déclaré mardi la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie, qui a réagi à l’affaire en marge d'un déplacement à Marseille.

"La prison doit cesser d'être un monde de non-droit et si les conditions de travail des personnels sont souvent difficiles, les conditions de vie des détenus ne sont pas acceptables", a pour sa part noté mardi le Parti socialiste, qui estime que ce sera "l'enjeu majeur" du débat sur la loi pénitentiaire sur laquelle se pencheront les députés en septembre.