Un bataillon allemand s'installe en Alsace

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avec AFP
C'est une 1ère en France depuis 1945 : une unité allemande prend ses quartiers en Alsace.

C'est une première depuis la libération de l'Alsace annexée par le Reich durant la seconde guerre mondiale. Une unité de combat allemande est installée officiellement, vendredi, à Illkirch-Graffenstaden, au sud de Strasbourg.

Les ministres français et allemand de la Défense, Alain Juppé et Karl-Theodor zu Guttenberg, présideront dans l'après-midi la cérémonie d'installation de ce 291e Bataillon de chasseurs, qui recevra à cette occasion son emblème.

Les Malgré Nous se souviennent

"Dans le temps, cela m'aurait paru impossible car nous avons un vécu terrible face à l'armée allemande", confie Marie-Thérèse Manto-Bigay, responsable pour la Bas-Rhin de l'Association des fils et filles des morts pour la France. Mais aujourd'hui "cela me paraît normal, Strasbourg est une ville européenne", ajoute-t-elle.

La présence durable de militaires allemands sur le sol français "va dans le sens de la réconciliation franco-allemande, mais l'Alsace est toujours dans la réserve quand on voit l'armée allemande défiler sur nos terres", estime toutefois une responsable de l'association du Souvenir Français, qui préfère pour sa part rester anonyme.

Un maintien militaire dans la région

Cette réticence n'est pas partagée par tous les anciens combattants. Henri Meichel, délégué pour Illkirch du Souvenir Français, affirme comprendre "la réaction de méfiance de certains Malgré Nous qui ont dû porter un uniforme honni". Mais, souligne ce militaire de carrière à la retraite, "on s'est battu contre le nazisme, pas contre les Allemands". Il rappelle que deux soldats allemands sont enterrés au cimetière d'Illkirch.

Côté politique, on ne voit que des avantages à l'arrivée du 291e Bataillon. Il va assurer "le maintien de la présence historique des militaires à Illkirch et permettre l'intégration de jeunes enfants allemands dans nos écoles bilingues", se réjouit Jacques Bigot, maire d'Illkirch et président de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS). L'unité de la Bundeswehr, membre de la Brigade franco-allemande (BFA) et qui doit à terme compter plus de 600 soldats, remplace le 1er régiment du Génie français, parti en avril.

Le lieutenant-colonel Frank Lindstedt, chef de corps du 291e, se félicite des efforts de la municipalité "pour nous intégrer à la vie quotidienne". L'officier allemand souligne qu'il a mis en place des stages intensifs de six semaines pour que ses militaires améliorent leur français.