Toni Musulin fixé sur son sort mardi

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
Les avocats du convoyeur de fonds demandent sa libération et contestent la procédure.

Soupçonné d'avoir volé plus de 11 millions d'euros en détournant son propre fourgon à Lyon, Toni Musulin verra se préciser mardi son avenir judiciaire avec une décision sur sa demande de libération et un probable renvoi devant le tribunal correctionnel.

Compte tenu de ses chefs de mise en examen - vol simple et tentative d'escroquerie, respectivement passibles de trois et cinq ans de prison -, la détention provisoire ne peut en principe excéder quatre mois. Incarcéré depuis le 16 novembre, le délai expire mardi. Mais le juge d'instruction a bouclé son enquête dès janvier et peut obtenir la prolongation de cette détention pour deux mois, à condition qu'il renvoie avant mercredi Toni Musulin devant le tribunal correctionnel, pour un procès organisé mi-mai.

Forte pression politique

"Tout est calculé pour que Toni Musulin comparaisse détenu, coûte que coûte, parce qu'il y a une forte pression politique", assure l'un des avocats de l'ancien convoyeur, Me Hervé Banbanaste. Il y a aussi le risque qu’il s’évapore dans la nature avec son butin.

Les deux avocats de Musulin ont entamé une guérilla judiciaire pour faire libérer leur client, déposant pas moins de 13 demandes d'actes auprès du juge d'instruction - toutes refusées -, en contestant notamment le calcul du butin dérobé le 5 novembre 2009 à Lyon.

"Un feu d’artifice d’illégalité"

Leur dernière offensive, sur laquelle la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon se prononcera mardi, consiste à attaquer toute la procédure engagée depuis la remise de leur client aux autorités françaises, le 16 novembre, quelques heures après s'être livré à la police de Monaco. Il s'agit selon eux d'une "extradition déguisée", menée sous la contrainte, et non d'une reddition volontaire. A leurs yeux, il aurait fallu appliquer la convention d'extradition liant la France à Monaco, qui impose notamment "un délai de 18 à 40 jours" pour la procédure, ce qui n'a pas été fait.

Le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, a lui-même mis en doute la légalité du transfert de Musulin, déplorant dans le Journal du dimanche une "pratique courante" entre la France et la Principauté pour s'affranchir des règles diplomatiques.

"Juridiquement, notre demande en nullité doit s'imposer. Mais c'est un dossier inédit et l'enjeu est tel qu'on est au-delà du droit puisqu'il met en jeu les relations entre Etats", souligne Maître Banbanaste, qui "conserve plusieurs cartouches" en cas de décision défavorable. Pour luin toute la procédure est "un feu d’artifice d’illégalité".