Servier : des indemnisations sous condition

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avec agences , modifié à
Le groupe est prêt à indemniser plus de victimes à une condition : renoncer à le poursuivre en justice.

Un nouvel espoir pour les victimes du Mediator qui seraient exclues des procédures légales d’indemnisation. Le groupe Servier, à l’origine de la commercialisation de ce coupe-faim qui aurait fait entre 500 et 2.000 morts, s’est dit mercredi prêt à créer un fonds d'indemnisation "complémentaire" pour ces victimes.

"Souci d'équité"

Mais le prix de la proposition n’est pas négligeable : Servier demande aux victimes concernées de renoncer, purement et simplement, à toute poursuite judiciaire.

Le groupe met en avant, dans un communiqué, le "souci d’équité" qui a motivé sa décision. Le fonds complémentaire ainsi créé indemniserait les patients, "même lorsque le Mediator leur a été prescrit en dehors des indications prévues dans l'Autorisation de mise sur le marché", précise le communiqué.

"Je ne peux pas imaginer que le silence des victimes puisse être acheté"

L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a réagi au quart de tour. Elle s’est dite "scandalisée" par la proposition de Servier. Me Charles Joseph-Oudin, avocat de victimes du Mediator, de son côté, "n’imagine pas une seconde que le gouvernement laisse passer une proposition pareille". "Je ne peux pas imaginer que le silence des victimes puisse être acheté", a-t-il ajouté. Le fonds, qui reste soumis à l'aval des ministres de la Justice et de la Santé, bénéficierait, a précisé Servier, d'une "première dotation" de 20 millions d'euros.

"Une manoeuvre perverse"

Le député socialiste Gérard Bapt, président de la mission parlementaire sur le Mediator, a estimé jeudi sur Europe 1 qu'il s'agissait d'une manoeuvre "perverse" du laboratoire poussant les victimes à ne pas aller en justice. Il a appelé le gouvernement à se prononcer sur une modification de la loi Kouchner, qui ne prévoit pas d'indemnisation pour les victimes ayant moins de 24% d'IPP (Incapacité permanente partielle).