Schizophrène, il dément avoir tué son ami par antisémitisme

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En novembre 2003, Adel Amastaibou a poignardé à coups de couteau et de fourchette son voisin et ami.

Déclaré irresponsable par les psychiatres, Adel Amastaibou a tenté mercredi de convaincre la cour d'appel de Paris que c'est en plein délire qu'il avait tué son ami Sébastien Selam, un disc-jockey juif, et non par antisémitisme comme l'affirme la famille de la victime.

"J'ai entendu des voix dans ma tête. Je croyais que j'étais mort. Pour survivre, je devais tuer mon meilleur ami. Je ne me contrôlais plus", a raconté Adel Amastaibou, assurant que ça n'avait "rien à voir avec la religion".

Aujourd'hui âgé de 27 ans, le jeune homme, atteint d'une schizophrénie délirante paranoïde, reconnaît depuis le début de la procédure avoir, en novembre 2003, poignardé à coups de couteau et de fourchette son voisin et ami Sébastien Selam.

Déclaré irresponsable de ses actes après expertise psychiatrique, il a bénéficié en 2006 d'un non-lieu. Non-lieu dont la famille Selam a fait appel, en rejetant la thèse de la folie au profit d'un violent antisémitisme affiché par l'assassin présumé.

Or, depuis la loi Dati de février 2008, les parties civiles qui ne croient pas à l'irresponsabilité pénale d'un criminel ou d'un délinquant présumé ont droit à "un mini-procès". Cette audience publique leur offre notamment la possibilité d'entendre des témoins, ainsi que l'auteur présumé des faits, en dépit de sa déclaration d'irresponsabilité psychiatrique. Cette loiavait été élaborée après le meurtre en 2004 d'une infirmière et d'une aide-soignante à l'hôpital psychiatrique de Pau.

"En aucun cas, votre juridiction ne doit se substituer à une cour d'assises", a prévenu l'un des avocats d'Adel Amastaibou, Laurence Cechman. Un avertissement bien mal reçu par l'avocat de la famille, Axel Metzker, déterminé à démontrer qu'Adel Amastaibou n'est qu'un "simulateur". "Il faut être honnête avec les parties civiles : la simulation est une hypothèse absurde", lui a répondu l'expert psychiatre Daniel Zagury, rappelant qu'une dizaine de psychiatres avaient examiné le patient. "Sauf à penser que tous les psychiatres de France sont des imbéciles, il faut éliminer" cette hypothèse, a-t-il conclu.