Pradaxa : les premières plaintes contre cet anticoagulant

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avec AFP , modifié à
Le laboratoire allemand a promis mardi de "collaborer activement" avec les autorités françaises.

L'INFO. Nouveau scandale sanitaire en France ? La question est posée après les plaintes de quatre familles contre le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim qui commercialise l'anticoagulant de nouvelle génération, Pradaxa. Les plaignants visent aussi l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) à qui il est notamment reproché d'avoir méconnu les principes de précaution et de prévention. Les plaintes, déposées pour homicide involontaire, font suite aux décès de quatre personnes âgées qui prenaient cet anticoagulant. Le laboratoire qui commercialise le Pradaxa a promis mardi de "collaborer activement" avec les autorités françaises.

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C'est quoi ce médicament ? Cet anticoagulant est prescrit pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux, comme des embolies, des infarctus, des phlébites ou encore des AVC. La prise du Pradaxa  est notamment conseillée après une opération de la hanche, du genou, ou chez les personnes souffrant de fibrillation auriculaire. Arrivé en France il y a cinq, ce médicament est commercialisé sous plusieurs marques : Eliquis, Pradaxa et Xarelot. Le médicament risque aussi, comme d'autres coagulants, de provoquer des hémorragies. Le hic : il n'existe, pour le Pradaxa, aucun antidote dans ce cas là. C'est ce qui s'est passé le 15 février, à l'hôpital de Poissy, où un homme est mort d'une "hémorragie incontrôlable" trois jours après une opération du genou qui s'était "déroulée normalement", selon Me Courtois, l'avocat des plaignants.

Quelles sont les explications de l'ANSM ? Un mois avant que les familles se mobilisent, l'ANSM avait déjà mis en garde contre cette nouvelle classe d'anticoagulants, suspectée de provoquer des troubles du rythme cardiaque et des hémorragies. Dans une lettre aux professionnels de santé, que le laboratoire Boehringer Ingelheim a mis en ligne sur son site français, l'ANSM estime que les prescripteurs de ce médicament "ne sont pas suffisamment informés de la prise en charge des risques hémorragiques". Elle a envoyé une lettre aux médecins, les prévenant d'être particulièrement vigilants sur les effets indésirables. Mais elle recommande, toutefois, fortement aux patients de ne pas arrêter le traitement sans consultation du médecin.

Comment ça se passe ailleurs en Europe ? Plusieurs autorités sanitaires ont relevé les risques de ces médicaments de nouvelle génération. Le laboratoire Boehringer Ingelheim évoquant lui-même en novembre 2011 quelque 260 hémorragies suspectes en Allemagne entre mars 2008 et le 31 octobre 2011. En octobre 2010, la FDA (Food and Drug Administration) avait relevé parmi les effets secondaires possibles des hémorragies graves.