Philippe Berre, l'escroc expert

Philippe Berre comparaît à partir de jeudi devant le tribunal de La Rochelle.
Philippe Berre comparaît à partir de jeudi devant le tribunal de La Rochelle.
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avec François Coulon , modifié à
Il est jugé jeudi pour avoir dirigé frauduleusement le nettoyage d'une commune après Xynthia.

Il était cette fois devenu "Philippe Lebert". Philippe Berre, 55 ans, comparaît à partir de jeudi devant le tribunal de La Rochelle pour avoir dirigé frauduleusement le nettoyage de toute une commune de Charente après la tempête Xynthia. L'histoire de ce manipulateur de haut vol, qui s'était mis en tête de faire construire un faux tronçon d'autoroute dans sa région en 1997, a même été portée à l'écran en 2008, avec François Cluzet dans le rôle-titre, dans A l'origine

A l'époque, ses frasques, commises sous le nom de Roger Martin, lui ont valu quatre ans de prison. Il va désormais devoir s'expliquer sur la manipulation montée dans la commune de Charron, dévastée par la tempête Xynthia en février 2010. Jean-François Faget, l'ancien maire de la commune, a confié à Europe 1 qu'il se souvenait très bien de lui.

"Il a débloqué des situations" :

Un 4X4 des Eaux et Forêts

"Il s'est présenté à moi en tant que représentant du ministère de l'Agriculture, des Eaux et Forêts", raconte l'ancien élu. Philippe Berre disait "qu'il était là au nom de l'Etat pour pouvoir nous aider" et, avec son 4X4 aux couleurs des Eaux et Forêts, il était "assez crédible".

Et le maire de relater un épisode particulièrement marquant. Après la tempête, "il fallait faire 10 km pour faire le plein des véhicules". "Philippe Berre a fait venir deux citernes et a fait livrer du fioul dans ces citerne pour qu'on ait du carburant sur place", un "gain de temps énorme" selon lui. 

"Il a aidé énormément"

L'escroc, munis d'imprimés "au nom de l'Etat" - des faux -, n'a pas hésité à réquisitionner des entreprises, et même directement les moyens de l'Etat. "La livraison des deux citernes est arrivée en convoi exceptionnel, escorté par la gendarmerie nationale, c'était fantastique !", se souvient Jean-François Faget, pour qui Philippe Berre "n'est pas un criminel" et n'a "rien à foutre dans une prison".

"Il a aidé énormément, il a débloqué des situations", affirme-t-il, estimant que celui qui a réussi à l'abuser est "un mythomane, un malade".Philippe Berre encourt jusqu'à dix ans de prison.