5 ans ferme requis contre Philippe Berre

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avec AFP et Stéphane Place
Il comparaissait pour s’être présenté comme un fonctionnaire venu à l'aide des sinistrés de Xynthia.

Philippe est de retour devant la justice. Déjà condamné à 24 reprises, il comparaissait une nouvelle fois jeudi devant le tribunal correctionnel de La Rochelle. Celui qu'on a surnommé "l'escroc altruiste"  se faisait passer pour un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture et avait aider en mars 2010 les habitants de Charron, une commune de Charente-Maritime qui venait d'être dévastée par la tempête Xynthia.

5 de prison ferme requis

Une peine de cinq ans d'emprisonnement a été requise par le procureur de la République de La Rochelle, Sonia Bellier. Cette dernière a soutenu que "derrière cette apparence d'escroc au grand cœur", Philippe Berre "n'a rien d'altruiste" et est, au contraire, "un escroc ordinaire" qui "poursuit ses propres intérêts".

Pourtant, son avocat Me Vincent Vanraët soutient le contraire. "Il fait ça pour les autres, c'est ce qu'il dit, il aime diriger", précise l'avocat au micro d'Europe 1. Ce dernier avait donc plaidé la relaxe et souligné que son client ne s'était "jamais enrichi", se substituant simplement à l'Etat après la tempête.

"Mon objectif était d'aider les gens"

Accusé d'escroquerie et de conduite sans permis, cet homme de 57 ans au passé mystérieux  avait débarqué au volant d'un 4x4 équipé d'un gyrophare à Charron, en se faisant passer pour un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture.  "Je me suis présenté à l'adjoint au maire", a raconté Philippe Berre au tribunal de La Rochelle.

"Mon objectif était d'aider les gens, le maire ne savait pas où donner de la tête car il avait sans arrêt des visites officielles", a poursuivi, impassible, le prévenu. Ce dernier a réquisitionné du matériel pour près de 64.500 euros pendant son passage de quatre jours à Charron. Une bonne partie de ce montant a, depuis, été prise en charge par l'Etat.

Muni de faux bons de réquisitions, il a fait livrer des citernes d'essence, des pelles et des bungalows "précédés par des motards de la gendarmerie", comme l'a souligné le président du tribunal Michel Lemoine, qui a toutefois évoqué ses qualités d"organisateur", soulignées aussi par le maire de Charron.

"Il va falloir trouver une solution"

Pour l'accusation, Philippe Berre, a cependant et surtout profité "de circonstances particulières", une tempête meurtrière, "afin de satisfaire son intérêt" et "il a profité de personnes en situation de désolation".

Un seul rapport psychologique aura été lu pendant cette audience d'une journée, celui de l'expert psychiatre qui l'avait examiné durant sa garde à vue, évoquant la piste de "troubles bipolaires de l'humeur", notamment. "C'est un travail qui va être long, parce qu'on ne va pas le laisser incarcérer à vie, et il va falloir trouver une solution pour qu'il sorte un jour, et qu'il arrête d'agir de la sorte", a estimé son avocat au micro d'Europe 1. Le tribunal rendra son jugement le 28 juin.