On peut être licencié pour une virgule

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avec AFP , modifié à
Les prud'hommes ont jugé "fondé" le licenciement d'une caissière pour une erreur de réduction.

Son licenciement était bien "fondé". C'est la décision rendue par le conseil des prud'hommes dans l'affaire de l'employée d'Attac, licenciée pour une erreur de virgule, en mars 2012. Le conseil de Saint-Germain-en-Laye, dans Yvelines, a cependant requalifié le licenciement "pour faute grave" en licenciement "pour cause réelle et sérieuse" et condamné le supermarché à verser à son ancienne caissière 4.080,03 euros au titre des indemnités légales de licenciement et 2.880,16 euros au titre des indemnités de préavis.

Licenciée pour "faute grave". Les faits remontent à mars 2012. Cette caissière du supermarché Simply Market de Saint-Germain enregistre un bon de réduction de 0,60 euro présenté par une cliente, mais une virgule mal placée fait bénéficier la cliente d'une réduction de 60 euros. A la suite de cette erreur, l'employée, qui travaillait depuis 12 ans dans ce supermarché et bénéficiait du statut de salariée handicapée, a été licenciée pour "faute grave" deux mois plus tard.

Un précédent avertissement en 2008.  S'estimant victime d'un licenciement abusif, elle avait alors demandé aux prud'hommes de déclarer ce licenciement "sans cause réelle et sérieuse". "Toutes les hôtesses de caisse font des erreurs", avait relevé l'avocat de la caissière, Me Bastiani. "Elle a dit lors de son entretien préalable au licenciement que l'erreur est humaine et ça, ils ne l'ont pas supporté", a ajouté l'avocat, dénonçant un précédent avertissement donné en 2008 à cette employée discrète pour une différence de caisse de "trois euros".

Une erreur qui méritait le pardon. La salariée, toujours en recherche d'emploi réclamait 40 000 euros de dommages et intérêts à son ancien employeur. Elle n'a finalement pas eu gain de cause. "Cette erreur humaine exceptionnelle méritait la compréhension voire le pardon et non pas un licenciement immédiat et sous couvert d'accusations de manipulation frauduleuse" a réagi Me Christophe Bastiani, avocat de la caissière du Simply Market. "La décision du conseil des prud'hommes de rejeter la faute grave est juste, mais pas suffisante", a-t-il ajouté en annonçant son intention de faire appel du jugement.