Mystère autour du motard renversé le 6 mai

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Le conducteur qui a renversé le motard de France Télévisions n'a pas été identifié.

Qui a renversé un motard de France Télévisions le soir de l'élection de François Hollande ? Trois semaines après l'accident du conducteur blessé l'enquête est au point mort, rapporte Le Lab d'Europe 1. Ni images, ni témoignages n'ont permis d'identifier le conducteur responsable de la collision.

Les faits remontent au dimanche 6 mai. Une meute de motards poursuit le convoi présidentiel de l'aéroport du Bourget à la place de la Bastille. Mais vers 0h30, à hauteur de la porte de Bagnolet, un motard des France Télévisions est heurté par un véhicule.

Des photographes se penchent et mitraillent

L'homme se retrouve projeté à terre, le genou coincé sous sa moto. "Il y a eu un énorme freinage, je me suis retrouvé dans cette masse de motards. J'étais quasiment à l'arrêt lorsque tout d'un coup, j'ai refait trois mètres involontairement. J'ai perdu le contrôle de la moto qui s'est couchée. Malheureusement, mon genou s'est retrouvé entre la moto et la chaussée", raconte le le motard de France Télévisions au micro d'Europe 1.

"J'ai le genou explosé" :

Selon un journaliste de Télérama présent sur les lieux, quelques photos ont été prises lors de l'accident. "Certains photographes se penchent et mitraillent l'accidenté encore KO", raconte-t-il. Puis le groupe de journalistes repart, direction la place de la Bastille, où François Hollande va prononcer son discours.

Pendant ce temps, le motard blessé est évacué aux urgences du centre Georges Pompidou. Alors qu'il croyait "avoir seulement le genou cassé", le personnel hospitalier lui annonce que son genou "est explosé". Les conséquences sont donc beaucoup plus lourdes que prévues. "On me parle pour l'instant de trois mois sans poser la jambe gauche par terre, et puis après, rééducation. Ce qui veut dire au minimum six mois avant de reprendre une activité normale", confie-t-il.

Le motard pas identifié

L'histoire pourrait s'arrêter là. Sauf que l'enquête ouverte pour blessures involontaires et délit de fuite ne progresse pas. Les policiers de l'unité de traitement judiciaire des délits routiers en charge des investigations n'ont en effet pas identifié le conducteur du véhicule qui a percuté le motard. Auditionné juste après son accident, ce dernier a d'abord assuré que c'était une voiture qui l'avait renversé. "Mais au regard des dégâts de la moto, ça ne peut pas être une voiture. La moto aurait été beaucoup plus abîmée si c'était une voiture. Il s'agit plutôt d'un deux-roues qui aurait été dans le même freinage que moi, mais qui a raté son freinage", commente le motard accidenté.

Mais la police n'a mis la main sur aucune image de l'accident. "Si cette moto diffusait en direct, il n'y a aucun rush. Et s'il y en a, sans intervention humaine, ils sont automatiquement détruits pour libérer de la place dans le serveur", a déclaré de son côté le directeur de France 2, Eric Monnier.

Autre fait troublant : la liste des noms des conducteurs des véhicules officiels qui participaient au cortège présidentiel n'a pas été transmise aux enquêteurs. Si le conducteur renversé ne veut accuser personne, il souligne tout de même le comportement suspect des motards officiels. "Il y avait police et motard de presse. Sur les rares images que j'ai pu visionner il y a des choses surprenantes. Je ne veux accuser personne mais j'ai vu des images de policiers qui bloque le cortège et qui s'en vont", raconte-t-il.

"Il aurait pu se manifester"

Ce dernier déplore que l'auteur de l'accident ne se soit pas manifesté. "Tout le monde s'est arrêté mais personne n'a dit : 'excusez-moi monsieur'. Même s'il était dans la poursuite, et que sur le moment il avait d'autre chose à faire, il aurait pu se manifester plus tard, voire le lendemain ou le surlendemain pour dire : 'je suis l'auteur de l'accident survenu porte de Bagnolet'. C'est suffisamment médiatique pour que la personne s'en inquiète", estime-t-il au micro d'Europe 1.