Mediator : entre 1.300 à 1.800 morts

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Sophie Amsili avec AFP , modifié à
Pour les experts judiciaires, la commercialisation aurait dû être suspendue entre 1998 et 2003.

Les chiffres. On est loin des 500 décès minimum estimés par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) en novembre 2010. Le Mediator, cet anti-diabétique détourné en coupe-faim, serait en fait à l'origine de la mort de 1.300 à 1.800 personnes à long terme, d'après les conclusions du rapport d'expertise judiciaire présentées vendredi par le parquet de Paris. Attention, ces chiffres ne sont pas ceux du nombre actuels de morts, mais des projections du nombre de victimes potentielles du Mediator qui entraîne un vieillissement du cœur (valvulopathie). A court terme, le médicament, aurait fait 220 à 300 morts.

Il n'y a pas d'évaluation en revanche du nombre de décès dus à des hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP), autre grave méfait possible dû au Mediator.

Négligence. Pour les experts, le Mediator, commercialisé par les laboratoires Servier à partir de 1976, aurait dû être retiré entre 1998 et 2003 au vu des premiers cas, et non en 2010 comme cela a été le cas. Accusée de négligence, l'Agence du médicament (ANSM) a été mise en examen en mars dernier pour homicide et blessures involontaires.

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Les médecins mal informés. Le rapport judiciaire confirme, de plus, les "propriétés anorexigènes [coupe-faim, ndlr] puissantes" du médicament et déplore que les médecins en étaient mal informés : "l'absence d'informations lisibles concernant le métabolisme du benfluorex (la molécule du Mediator, ndlr) et sa parenté avec les anorexigènes n'a pas permis aux praticiens d'exercer une surveillance adéquate des patients sur le plan cardiovasculaire et pulmonaire".

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"Un déni ahurissant". "Il faut que ce rapport stoppe la spirale du mensonge", a réagi sur Europe 1 le docteur Irène Frachon, qui a révélé le scandale. Jacques Servier, patron des laboratoires Servier, refuse en effet de reconnaître sa responsabilité dans cette affaire. "J'espère qu'on va enfin pouvoir faire bouger les lignes de ce laboratoire qui campe dans un déni ahurissant, farouche", ajoute-t-elle.

"Pas d'élément supplémentaire" pour Servier. Et pourtant, peu après la remise du rapport, les laboratoires Servier ont publié un communiqué affirmant que "ces conclusions n'apportent pas d'élément supplémentaire concernant le risque de valvulopathie lié à la prise de Mediator." Avant d'ajouter : "les Laboratoires Servier continueront d'assumer leurs responsabilités et indemniseront toutes les victimes des effets secondaires du Mediator"..