Mediator : Servier savait "depuis 1995"

Selon un rapport interne, Servier connaissait les dangers du Mediator depuis 1995.
Selon un rapport interne, Servier connaissait les dangers du Mediator depuis 1995. © Maxppp
  • Copié
P.R. avec Reuters , modifié à
Le laboratoire savait les dangers du Mediator, dit Le Monde qui cite un rapport interne.

C'est un document à charge pour Servier, dans le scandale du Mediator. Le laboratoire aurait su que le Mediator était dangereux en 1995, selon Le Monde, qui publie dans son édition de vendredi un document interne à l’entreprise.

Le rapport, qui provient de la filiale britannique de Servier, établit en 1993 qu'"une fois absorbé par l'organisme, le Mediator donnait un composé, la norfenfluramine". Un composé étiqueté comme dangereux en 1995. Ce point avait d’ailleurs entraîné le retrait du marché d’un autre médicament de Servier, l’Isoméride. Le Monde ajoute que Servier n’a pas transmis l’étude interne britannique aux autorités sanitaires françaises.

Servier : "personne ne pouvait savoir"

Face à ce nouveau coup, Servier nie en bloc : selon le laboratoire, qui s’est exprimé jeudi, l’étude révélée par Le Monde n’avait pas de portée. Et il est impossible de conclure que le danger était connu, selon Servier : "C'est faux et, surtout, le point le plus important est que personne ne pouvait savoir qu'il y avait un problème avec le benfluorex [le principe actif du Mediator] avant les années 2003", a dit à Reuters sa porte-parole, Lucy Vincent.

Les informations du Monde viennent accréditer celles de Mediapart, qui révélait en décembre dernier que "dès 1995, des médecins ont suspecté une possible association entre la prise de Mediator et la survenue d'une hypertension artérielle pulmonaire". Et Mediapart a mis en ligne en mars dernier un rapport inédit, établi par le Centre régional de pharmacovigilance de Besançon et communiqué aux experts concernés le 10 mai 1994, lors d'une réunion de la mission nationale de pharmacovigilance (CNPV). Un rapport qui contenait la description de quatre cas de patients ayant contracté une hypertension pulmonaire après avoir consommé du Mediator. Or, des représentants de Servier étaient présents à la réunion.

Autant de révélations qui accréditent de plus en plus les accusations de "tromperie" portées à l’encontre de Servier par le député socialiste Gérard Bapt, président de la mission d'information sur le Mediator de l'Assemblée nationale, ainsi que par l'un des avocats des victimes, Maître Charles-Joseph Houdin.