Mediator : Servier présent au procès

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avec AFP , modifié à
Le premier procès pénal visant les laboratoires Servier s'est ouvert lundi à Nanterre.

Servier face aux victimes du Mediator. Un an et demi après l'éclatement du scandale du médicament accusé d'avoir tué 500 à 2.000 patients, le premier procès pénal visant les Laboratoires Servier s'est ouvert lundi à Nanterre.

Jacques Servier, le patron du deuxième groupe pharmaceutique français, âgé de 90 ans, était présent à l'ouverture de l'audience. En costume trois pièces sombre, les bras croisés, le vieille homme s'est montré "combatif et responsable", selon son avocat Me Hervé Témime.

"Une condamnation exemplaire"

Il lui faudra en effet se montrer combattif face aux parties civiles qui l'accusent de "tromperie aggravée". Au total, 350 personnes demandent réparation à Jacques Servier et aux laboratoires éponymes, devant le tribunal correctionnel. Ces derniers ont engagé une procédure rapide, sans attendre l'instruction menée au pôle santé de Paris sur les mêmes faits. Il leur revient la lourde tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes.

Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex. Ce dernier larguerait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. Or la norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe et multiplie par trois le risque de valvulopathies.

"Les victimes veulent une condamnation exemplaire des Laboratoires Servier et attendent de la compassion. Depuis des années, les laboratoires connaissent sa toxicité", a affirmé à la presse l'un de leurs avocats, Me Charles-Joseph Oudin.

Servier joue la montre

Jacques Servier cherche à retenir le temps du verdict. Il doit déposer deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et une demande d'expertise judiciaire, qualifiées d'"écrans de fumée" par les parties civiles."Servier va nous occuper avec des questions de procédure mais la Cour de cassation s'est déjà prononcée. On peut refaire le match trois ou quatre fois, cela ne changera pas le problème", a déclaré confiant l'avocat d'une trentaine de parties civiles, Me François Honnorat.

En septembre, Jacques Servier, ainsi que six sociétés du groupe, avait été mis en examen notamment pour tromperie par les juges d'instruction de Paris. Le créateur du laboratoire et quatre ex-cadres de Servier et de Biopharma, qui a commercialisé le Mediator, encourent 4 ans de prison et une amende de 37.500 euros, Servier et Biopharma risquent une amende de 150.000 euros ainsi qu'une interdiction d'exercer.