Mediator : Bertrand accable Servier et le système

Le ministre de la Santé Xavier Betrand a pointé la "responsabilité première et directe" du laboratoire Servier.
Le ministre de la Santé Xavier Betrand a pointé la "responsabilité première et directe" du laboratoire Servier. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Le ministre a pointé la "responsabilité première" du laboratoire et annoncé une refonte du système.

Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l’affaire du Mediator était très attendu. L’organisme l’a présenté samedi et a pointé une "incompréhensible tolérance" à l'égard du médicament, soupçonné d’avoir causé la mort de 500 à 2.000 personnes selon les estimations, dès son autorisation de mise sur le marché, en 1974, avant même sa commercialisation deux ans plus tard.

Xavier Bertrand, qui avait commandé ce rapport, a souligné la "responsabilité première et directe" du laboratoire Servier, qui a commercialisé le Mediator, dans cette affaire. Le ministre de la Santé a aussi annoncé la création d'un fonds d'indemnisation pour les victimes. "Il doit y avoir et il y aura indemnisation" des victimes, a-t-il lancé, après avoir déploré des "défaillances graves" dans le fonctionnement du système français du médicament.

"Un retrait au moins depuis 1999"

Car c’est aussi l’Agence du médicament, ancêtre de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), qui est plus particulièrement désignée, a précisé lors d’une conférence de presse Aquilino Morelle, qui a mené les travaux de l'Igas, sur la demande du ministre de la Santé Xavier Bertrand. Du coup, c'est tout le système que ce dernier veut refondre. "Mon devoir est de rebâtir un nouveau système de sécurité sanitaire, avec l'objectif que, demain, il n'y ait pas un nouveau Mediator", a déclaré le ministre. "Le rapport (de l'Igas, l'Inspection générale des affaires sociales) montre clairement que la police du médicament a failli à sa mission"

Par ailleurs, la mission "tient à souligner que le système de notification des cas par les professionnels de santé aurait pu permettre le retrait du Mediator au moins depuis 1999 si le principe de précaution avait été appliqué correctement", a estimé Aquilino Morelle, qui a déploré que le doute ait "profité au médicament et non au malade". Cet antidiabétique du , largement détourné comme coupe-faim, a été retiré du marché français en novembre 2009, bien plus tard que dans d'autres pays européens ou aux Etats-Unis, après 33 ans de commercialisation.

La riposte de Servier

La riposte du laboratoire Servier n'a pas tardé. "Avant analyse détaillée de ce rapport", le deuxième groupe pharmaceutique français s'étonne dans un commniqué "des responsabilités que semblent leur faire porter les conclusions du rapport d’enquête de l’Igas sur le Mediator et qui ne leur apparaissent pas conformes à la réalité. (...) (Ses responsables) tiennent à rappeler qu’ils n’ont pas été entendus dans le cadre de cette enquête et qu’ils n’ont donc pas pu faire entendre leur point de vue".

Les laboratoires Servier "souhaitent pouvoir répondre point par point et avoir l’opportunité de montrer qu’ils ont toujours travaillé en étroite collaboration avec les instances de pharmacovigilance et les autorités de Santé, dont ils ont scrupuleusement appliqué toutes les décisions".