Marina : un couple face à ses mensonges

Eric, 40 ans, ancien entraîneur de handball, est apparu au fil des témoignages comme un homme soumis, piégé dans son couple à cause d'un premier mensonge jamais pardonné.
Eric, 40 ans, ancien entraîneur de handball, est apparu au fil des témoignages comme un homme soumis, piégé dans son couple à cause d'un premier mensonge jamais pardonné. © Max PPP
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Eric, le père, est apparu comme soumis à sa femme. Les deux se renvoient la responsabilité.

Le couple tortionnaire a fait vivre un véritable enfer à Marina, morte à l'âge de 8 ans, et victimes pendant des années de terribles maltraitances. Ses parents, Eric Sabatier et Virginie Darras sont jugés depuis lundi par la Cour d'assises de la Sarthe pour actes de torture et de barbarie sur mineure ayant entraîné la mort. Ils encourent la réclusion à perpétuité.

Un couple aujourd’hui en procédure de divorce et dont la relation basée sur le mensonge a très vite dégénéré. 

"Ce mensonge de la maison"

Eric, 40 ans, ancien entraîneur de handball, est apparu au fil des témoignages comme un homme soumis, piégé dans son couple à cause d'un premier mensonge jamais pardonné.

Tout commence lors de sa rencontre avec sa future femme, Virginie Darras. Eric lui ment en lui assurant qu’il achète une maison mais également qu’il a un emploi. Un mois après leur mariage en octobre 2000, la vérité finit par éclater. Virginie s’aperçoit que tout était une pure invention et que le futur père de Marina a fait croire au notaire qu’il a le financement pour la maison. Mais il n’en est rien.

"Je me sentais humiliée"

La fausse acquisition de la maison va provoquer le départ Virginie, déjà enceinte de Marina. "Je me sentais humiliée. Nulle. Je ne voulais plus de cet enfant", a-t-elle déclaré lors de l’audience. Elle reviendra finalement auprès de son mari pour "donner une seconde chance à Marina". Mais, à partir de cet instant, à chaque problème dans le foyer, ce mensonge reviendra en boucles. "Entre moi et ma femme il y a toujours eu ce mensonge de l'achat de la maison", a affirmé Eric. C’est le début du calvaire pour Marina. L’enfant est abandonnée à sa naissance, puis reprise. Constamment ballotée par ses parents.

La relation entre Eric et Virginie n’est qu’une suite de mensonges. Lorsqu’elle accouche sous X le 27 février 2001 de la petite Marina, elle affirmera à tous ses proches que l'enfant n’a pas survécu, détaille Le Parisien. Quelque temps après, elle reviendra avec le bébé sous le bras au domicile de ses parents, dans la Somme. 

"Elle devenait hystérique"

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Les premiers sévices physiques sur Marina vont apparaître à l’âge de deux ans et demi. A partir de 2007, le couple va déménager à cinq reprises, successivement à Nanterre, en Mayenne avant, enfin, de s’établir dans la Sarthe. Eric est un père souvent absent car en déplacement pour son nouveau travail de déménageur. Lorsqu’il est à la maison, le père est dominé par Virginie. Jamais il n’osera s'interposer quand sa femme maltraitait Marina.

"Ma femme a commencé avec des petites claques, des punitions, puis elle m'a dit de m'investir dans mon rôle de père, ça voulait dire punir Marina", a soutenu Eric, devant la cour.

Quand il raconte la première privation de nourriture de Marina dont il se souvient, à Nanterre, il explique que la mère avait décidé que la petite ne mangerait pas ce soir-là. Il affirme avoir préparé une soupe, mais que sa femme "a balancé la soupe dans l'évier". "J'ai pas réagi, j'ai laissé faire. Dès que je m'interposais entre ma femme et Marina, elle devenait hystérique. Des fois, j'étais lâche", a-t-il concédé ajoutant :  "elle a une telle emprise sur moi que je préférais sortir de la pièce et faire autre chose".

"Elle va jusqu’au bout"

Au début du procès, Virginie Darras s'était elle-même décrite comme victime de violences conjugales et d'insultes de la part de son mari. Mais la propre belle-famille de l'accusé a semblé vouloir donner raison à celui-ci, à la barre. "Il s'écrasait devant ma sœur", a ainsi affirmé Vanessa, une de ses belles-sœurs. "Il se laissait mener par le bout du nez", a souligné un beau-frère, décrivant aussi "un fabulateur, un menteur de première classe".

Eric Sabatier a admis que "la petite, quoi qu'elle aurait pu faire, Marina se faisait engueuler, alors elle restait bloquée là sans rien dire". "Ma femme et moi on s'énervait sur Marina, mais il n'y avait aucune raison", a-t-il ajouté. Quand il frappait sa fille "il me fallait deux ou trois jours pour réagir à ce que j'avais fait", a-t-il avoué. "Je n'avais pas le pouvoir de dire ‘non, c'est fini’. Ma femme, quand elle a décidé quelque chose, elle va jusqu'au bout", a-t-il assuré.

Selon lui, il n'osait pas s'interposer car son épouse menaçait de partir avec les quatre enfants du couple. "Même séparés, Marina aurait subi la même chose", a-t-il estimé. Une voisine et amie des Sabatier quand ils habitaient à Parennes, dans la Sarthe, a témoigné que la mère, qui "buvait beaucoup", "se faisait passer pour une femme battue, mais c'est elle qui le tapait". Selon cette amie du couple, le mari "a gâché sa vie parce qu'il avait trop peur d'elle, il était soumis".