Les salariés français ne sont pas vraiment "fluent"

La majorité des cadres estime même que leur niveau d'anglais peut défavoriser leur entreprise.
La majorité des cadres estime même que leur niveau d'anglais peut défavoriser leur entreprise. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
La majorité des cadres estime même que leur niveau d'anglais peut défavoriser leur entreprise.

Dans les couloirs et les rames du métro parisien, les affiches sont connues des travailleurs : "Do you speak English ?" Si une majorité des cadres français peut répondre "Yes, I do", ils considèrent néanmoins en grande majorité que leur niveau dans la langue de Shakespeare n'est pas satisfaisant. Selon une récente étude de The Economist Intelligence Unit (EIU), 63% des cadres estiment que leur anglais peut ainsi pénaliser les ambitions de leur entreprise à l'international.

Les Français pas si nuls en anglais

Six Français sur dix jugent en effet leur niveau d'anglais mauvais, selon l'Ifop. Et pourtant, nous ne sommes pas si nuls que ça ! L'an dernier, un classement de l'EIU pour le centre de langues Education First avait placé la France en 17ème position (sur 44 pays) pour le niveau d'anglais de ses salariés. "Le niveau moyen d'anglais est meilleur qu'il y a dix ans. Mais il n'est toujours pas au niveau souhaité par les entreprises", reconnaît Olivier Sampeur, d'Education First, dans les colonnes du Monde.

Un niveau de plus en plus élevé puisque la loi Toubon, qui impose le français comme langue de travail, subit toujours des coups de boutoir - dernier exemple en date : Air France a abandonné mardi l'utilisation de manuels en français pour ses pilotes, ils sont désormais en anglais. D'après un baromètre du syndicat des cadres CFE-CGC, 71% d'entre eux utilisent désormais une langue étrangère au travail. En grande majorité, il s'agit de l'anglais.

Parler anglais, un facteur de stress important

Cette situation n'est pas sans incidence puisque pour 45% des cadres, devoir parler une langue étrangère est un facteur de stress important. Pour Jean-Paul Nerrière, ancien vice-président d'IBM-USA, les Français "sont préoccupés de l'image qu'ils vont donner" car "chacun sait que le ridicule tue en France". Ainsi, lors de réunions, "les Français préparent dans leur tête la phrase qu'ils vont utiliser quand elle aura été bien polie. Et quand elle est prête, le débat est parti ailleurs...", déplore-t-il.

Du coup, les formations en langues étrangères payées par les entreprises connaissent un vrai boom. Elles représentent désormais 20 % de leurs demandes de formation professionnelle, selon le baromètre 2011 du courtier Place de la Formation, cité par Le Monde. Mais la marge de progression est encore grande. En effet, huit ans après sa création, la moitié des salariés français n'ont jamais utilisé leur droit individuel à la formation (20 heures de formation auquel tout salarié en CDI a droit chaque année, cumulables dans la limite de 120 heures, ndlr), selon une étude du groupe Damos, un des acteurs de ce secteur. C'est tout de même 13% de moins que l'an dernier.