Le Mediator aurait dû être retiré en 1997

  • Copié
avec AFP

Le Mediator, un médicament accusé d'être responsable de centaines de morts en France, aurait dû être retiré du marché par les laboratoires Servier douze ans avant son interdiction en 2009, a témoigné vendredi un ex-directeur de l'agence de sécurité des produits de santé (Afssaps). "Les laboratoires Servier auraient dû spontanément retirer le Benfluorex (principe actif du Mediator) en 1997" lorsque l'Isoméride et le Ponderal, deux médicaments de la même famille, ont été eux-mêmes retirés du marché, a expliqué à la barre Philippe Lechat, ex-directeur de l'évaluation des médicaments à l'Afssaps (de 2007 à 2012), au 4e jour du procès à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

La commercialisation de cet anti-diabétique détourné aussi comme coupe-faim avait été suspendue en 2009 par l'Afssaps (aujourd'hui appelée ANSM, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), à la suite de la mise en évidence d'un excès de cas de valvulopathies (déformation des valves cardiaques). En 2010, l'agence avait évalué à au moins 500 les décès dus à ce médicament en 33 ans. Une autre estimation, révélée un mois plus tard dans la presse, avait évoqué 1.000 à 2.000 morts. Interrogé sur les raisons pour lesquelles l'Afssaps n'avait pas pris une décision plus tôt, M. Lechat a expliqué que c'était dû à "l'absence de notification de pharmacovigilance alarmante" avant 2009.

La "ligne" des laboratoires Servier était de positionner le Mediator comme différent de ses deux cousins, l'Isoméride et le Pondéral, selon le médecin qui a rédigé une note fin 2010. "Il y avait une volonté de minimiser, d'occulter", a-t-il insisté. De son côté, la défense a concentré ses questions sur les conditions de rédaction de la note de M. Lechat et les références utilisées. Me Hervé Temime, avocat de Jacques Servier, absent à l'audience vendredi, a également suggéré que l'Afssaps avait une responsabilité dans le retrait tardif du Mediator.