La "pétaudière" de la Mairie de Paris

Les deux anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac, Michel Roussin et Rémy Chardon, se sont encore expliqués lundi à la barre.
Les deux anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac, Michel Roussin et Rémy Chardon, se sont encore expliqués lundi à la barre. © MAXPPP
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Le tribunal a tenté d'y voir plus clair lundi dans les contrats des chargés de mission.

Le procès des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris a trouvé son rythme de croisière, entre témoins absents et trous de mémoire collectifs. Lundi, pour la deuxième semaine d'audience, les juges de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris ont examiné le cas de quatre prévenus, soupçonnés d'avoir bénéficié d'un contrat litigieux ou d'un collaborateur dont le contrat pose problème.

L'ancien député européen François Musso aurait bénéficié d'une collaboratrice, rémunérée par la mairie de Paris comme chargée de mission. "Il me fallait une secrétaire pour taper le rapport, j'en étais bien incapable. Et les frais de bureau et de secrétariat, ce n'était pas à moi de les prendre en charge", a-t-il justifié à la barre du tribunal.

"La mairie de Paris était une pétaudière administrative"

"Je ne veux pas lui faire porter toute la responsabilité, mais elle a attendu un an avant d'aller voir la DRH pour dire qu'elle n'avait plus de travail et s'ennuyait. On lui a ensuite répondu qu'on allait la licencier mais qu'on allait continuer à la payer pendant six mois", a fait remarquer le bâtonnier Le Borgne, avocat de Rémy Chardon, l'un des deux anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac mis en examen dans l'affaire. De son banc, Me Kiejman, l'un des conseils de l'ancien maire de Paris, a lancé alors que "la mairie de Paris était une pétaudière administrative".

"Il y a un mystère dans votre cas"

Jean-Claude Mestre, élu de la ville de Sarcelles, dans le Val d'Oise, a lui été embauché comme chargé de mission. Mais même en cherchant bien, le président du tribunal, Dominique Pauthe, lui a fait remarquer qu'"on n'a pas beaucoup progressé sur la matérialité de votre prestation". "Il y a un mystère dans votre cas : c'est qu'on ait pu dresser des notations aussi élogieuses alors que personne n'a entendu parler de vous", a noté un peu plus tard le juge Pauthe.

Quant à Pierre Boué, grand fan d'Eddy Merckx et de Jacques Chirac, il a assuré avoir rédigé des discours et avoir eu "une activité plus que débordante auprès des mairies d'arrondissement" dans le domaine sportif. Devant le juge d'instruction, Jacques Chirac avait lui estimé que Pierre Boué "a surtout travaillé pour Jeannie Longo", la championne cycliste. Sur les bancs des parties civiles, de la défense et du côté du parquet, le cas Boué n'inspire pas grand chose.

"La doyenne de notre affaire mais aussi la meilleure"

Dernier contrat à passer sur le gril du juge Pauthe lundi, celui de Marie-Thérèse Poujade. Cette ancienne professeure agrégée, qui n'assiste pas aux débats en raison, elle aussi, de son état de santé, affirme avoir rédigé des notes pour Jacques Chirac sur l'éducation et la culture. La "doyenne de notre affaire mais aussi la meilleure - elle a 20/20 partout", a fait remarquer le président du tribunal. Mais là encore, personne ne sait qui a évalué son travail.