La gendarmerie s’estime lésée par Sarkozy

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avec Pierre de Cossette , modifié à
Considéré comme "pro-policiers", Nicolas Sarkozy s’adresse lundi à des gendarmes en grogne.

Responsable du rapprochement entre la police nationale et la gendarmerie en 2009, Nicolas Sarkozy a-t-il privilégié la première au détriment de la seconde ? C’est en tout cas le sentiment partagé par de nombreux gendarmes, que le président de la République doit rencontrer lundi.

Sarkozy à la reconquête d’une gendarmerie déçue

Nicolas Sarkozy inaugure lundi le nouveau QG de la direction générale de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux, l’occasion pour lui de dresser le bilan du rattachement de la gendarmerie au ministère.

Son auditoire, qui a conservé le statut militaire, restera conciliant puisqu’il est soumis au droit de réserve et ne peut avoir de représentation syndicale. Mais s’ils pouvaient s’exprimer, les gendarmes feraient sans doute part de leur malaise, s’estimant victime d’une présidence "pro-policiers".

"Des interrogations, des attentes" parmi les gendarmes

La grogne monte donc dans les rangs de la gendarmerie et seuls les gradés qui viennent de quitter la gendarmerie peuvent exprimer le malaise ressenti par leurs troupes. C’est notamment le cas de général Bertrand Cavallier, qui a quitté la gendarmerie en septembre 2011 et regrette le peu de considération du chef de l'Etat pour la gendarmerie.

"Il y a des interrogations, des attentes", témoigne-t-il, "suite notamment à l’éviction des gendarmes du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la Republique), composé à la fois de gendarmes et de policiers".

"Il y a bientôt cinq ans, à l’arrivée du président actuel, décision a été prise de demander aux gendarmes de quitter cette unité prestigieuse, ceci a quand même marqué les esprits et a une force symbolique évidente", poursuit Bertrand Cavallier, qui entend porter la voix des gendarmes qu'il a formé.

Deux poids, deux mesures ?

La fermeture programmée en 2011 de plusieurs unité de police a également marqué les esprits. Plusieurs suppressions d’unités ont pu être annulées grâce à la mobilisation des syndicats policiers et d’élus, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux. A l’inverse, les gendarmes n’ont pû que constater en silence des fermetures d’escadrons, notamment à Rennes.

"Le statut militaire est surtout mis en avant pour toujours profiter d’une force de sécurité soumise, silencieuse et très disponible. Il semble que ce leurre n’est plus attractif et que le recrutement s’en ressente sérieusement", fustigeait dans une lettre ouverte en juin 2011 Christian Contini, président de l’association Gendarmes et Citoyens.

"Un manque de considération"

Autre indice du malaise des gendarmes : les déplacements présidentiels à l’étranger, et notamment celui à Benghazi, en Libye, où Nicolas Sarkozy était accompagné de CRS.

"Les militaires de la gendarmerie, qui sont présent en Afghanistan, qui sont très engagés dans les opérations extérieures, considéraient que c’était une mission qui leur était dévolue naturellement et ils ont également ressenti cela comme un manque de considération et une méconnaissance de leurs atouts, de leur rôle traditionnel", regrette le général Cavallier, un temps responsable du Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie.

C'est cette impression de "méconnaissance" que tentera de dissiper Nicolas Sarkozy lundi. Si les gendarmes écouteront sagement Nicolas Sarkozy, il n’est pas certain que cette intervention en pleine période électorale les convainc.