L’ombre de Marc Machin au procès de Sagno

© MaxPPP
  • Copié
et Fabienne Le Moal , modifié à
David Sagno est jugé pour les assassinats de deux femmes au pont de Neuilly en 2001 et 2002.

Procès d'un meurtrier revendiqué ou d'une erreur judiciaire ? David Sagno est jugé à partir de lundi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Il est soupçonné du meurtre de deux femmes, Marie-Agnès Bedot et de Maria-Judith Araujo, au pont de Neuilly-sur-Seine en 2001 et 2002. Des meurtres pour lesquels Marc Machin avait d'abord été condamné avant d'être innocenté.

"Ce procès va être celui de deux personnes qui ont fait des aveux, David Sagno venant appuyer la rétractation de Marc Machin, mais aussi parallèlement celui de la révision de Marc Machin", pronostique, circonspect, l'avocat de l'accusé, Me Bérenger Tourné.

Marc Machin entendu comme simple témoin

Assis dans le box des accusés, David Sagno, 37 ans, sera donc confronté une nouvelle fois à l'homme qui a purgé sept ans de prison pour le meurtre qu'il dit avoir commis et qui sera entendu cette fois comme simple témoin. Grâce aux aveux de Marc Sagno, Marc Machin avait été blanchi par la Cour de révision en 2010 et avait bénéficié d'une remise en liberté.

Outre Marc Machin, seront entendus les enquêteurs de la brigade criminelle à l'origine de la mise en accusation de ce dernier, et notamment le policier qui avait obtenu des aveux. Même le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, assistera au procès en qualité d'avocat général, après avoir bataillé en faveur d'une réouverture de l'enquête.

La réclusion criminelle à perpétuité pour Marc Machin

L'affaire avait débuté le 1er décembre 2001, avec la découverte sur le pont de Neuilly du corps d'une femme de 45 ans, Marie-Agnès Bedot, agressée puis poignardée. Le témoignage d’une infirmière met en difficulté Marc Machin. Cette dernière, qui empruntait chaque matin le pont de Neuilly, assure en effet l’avoir aperçu une heure avant les faits.                 

Agé de 19 ans à l'époque, Marc Marchin avait avoué les faits en garde à vue, sans pourtant donner de détails, en ayant "marre des questions". Il se souvenait seulement d’être "réveillé" sur un pont, un couteau à la main et à ses pieds une flaque de sang. Par la suite, Marc Machin s’était rétracté et n’avait cessé de clamer son innocence.

En septembre 2004, il est condamné une première fois à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot. Le verdict est confirmé en appel l'année suivante et assorti de 12 ans de sûreté.

Sagno se dénonce trois ans plus tard

L’affaire rebondit trois ans plus tard. David Sagno, alors sans domicile fixe, pousse la porte du commissariat de la Défense, dans les Hauts-de-Seine pour s'accuser des deux meurtres. Devant des policiers interloqués, David Sagno raconte à grand renfort de détails ces deux meurtres. Son ADN est même retrouvé sur les deux victimes alors que celui de Marc Machin n’a jamais été identifié.

"David Sagno est malade, il se voit faire les choses mais il ne se souvient pas de les avoir vécues, pour preuve, les experts psychiatriques ont prononcé une injonction de soins postulée comme nécessaire", explique son avocat. "Après une vie d'errance et d'alcool à vivre comme un animal, on tombe malade à défaut de devenir fou", ajoute Me Tourné.

Quel que soit le verdict rendu jeudi par la cour d'assises des Hauts-de-Seine, Marc Machin devra être rejugé par la cour d'assises de Paris, sans doute fin 2012-début 2013. L’avocate de Marc Machin, Me Véronique Girard redoute une confusion entre son client et David Sagno. "Ces assises ne doivent pas être un brouillon du procès en révision de Marc Machin qui se tiendra ultérieurement devant la cour d’assises de Paris, prévient Véronique Girard.